Je coache, nous coachons, ils coachentpar Danielle Lapointe, PCC
Manque d’humilité, peur d’être associée à une représentation fausse de ce qu’est exercer une profession de coach…, il m’arrive d’être heurtée par le mot coach entendu parfois, souvent et à l’infini comme un mot devenu à la mode et répété en pure perte de sens.
En quoi est utile cette montée d’humeur?
Hum…en vue de contribuer à une réflexion identitaire.
Nous le savons, le « coaching » est une profession en émergence. En ce sens, elle s’inscrit dans un processus de professionnalisation. Sommes-nous, comme coach membre de la FICQ, véritablement dans un processus fondateur d’une profession de coach ou ne sommes-nous que participant à un courant, à une tendance?
Pour des fins de compréhension et de clarté, divisons le processus de professionnalisation en 4 grandes têtes de chapitres tout en sachant que le processus est aussi une interaction entre différents acteurs, entre différents courants de pensée et qu’il est influencé par son environnement. La profession de coach est une belle illustration de cette interaction : issue à la fois des théories du management, de la psychologie moderne, de la pensée systémique etc., elle crée son propre paradigme.
La formation, la pratique, l’éthique et la communauté
- La formation.
La formation repose sur des savoirs spécifiques, normalement scientifiquement fondés, et sur des compétences définies. Le corpus des connaissances nécessaires est validé par les membres « certifiés » de la profession afin de procurer un cadre de référence rigoureux. Pour les membres de la FICQ, l’International Coach Federation est l’instance qui accrédite les programmes dispensés par les écoles de coaching. Au Québec, quatre écoles ont des programmes accrédités. De plus, l’International Coach Federation certifie ses membres. La certification valide la compétence des individus et encourage le développement continu.
Dans la formation du coach soulignons également le volet du savoir-être que nous pourrions nommer la posture du coach. C’est un constituant fondamental du coaching. Cette base est retrouvée dans les compétences.
La formation continue enrichit, renouvelle et permet l’approfondissement de nos connaissances. Elle développe et consolide nos compétences.
- La pratique
Les membres d’un groupe professionnel font le choix de certains types d’activités et identifient des attitudes qui les distinguent des autres groupes professionnels.
En quelque sorte, nous contribuons à définir un modèle et un certain territoire de pratique. Le modèle guide nos expériences comme nos expériences font évoluer le modèle surtout dans un contexte d’émergence.
- L’éthique
L’éthique vient encadrer la pratique afin de protéger à la fois le coach et les clients d’une pratique non appropriée. L’éthique est basée sur des valeurs, des normes d’intervention, ainsi que sur une relation balisée avec notre client.
Le code de déontologie et les règles d’éthique de référence pour les membres de la FICQ sont ceux de notre fédération (International Coach Federation)
- La communauté
La communauté est notre réseau d’appartenance et de référence en termes de représentation sociale et de reconnaissance d’un certain statut. Elle a un rôle d’orientation, de structuration et de promotion de la profession. Elle génère une certaine convergence d’idées et de préoccupations en regard d’un objectif commun à atteindre. Le sens de notre communauté se retrouve dans sa mission : « Promouvoir le coaching au Québec en offrant aux coachs de tout le territoire [ …], des lieux d’échanges, de ressourcement et de professionnalisation et œuvrer à la reconnaissance publique de la profession de coach »
En bref, voilà les paramètres objectifs qui tracent le chemin de la professionnalisation. Cependant il y a aussi et surtout des sujets, qui sont les coachs. Notre profession, tout en étant le résultat d’un processus continu, dépendra aussi de nos parcours individuels et de nos interactions.
Cela m’amène à réfléchir sur notre participation. Au-delà de notre identité personnelle-professionnelle, la construction de notre identité collective exige de chacun de nous un engagement. L’enjeu est celui d’un statut professionnel. Avant de réclamer un ordre professionnel et un titre réservé nous devons développer notre spécificité et notre crédibilité et sortir de l’épiphénomène.
4 clés :
Une formation initiale et une formation continue Une pratique rigoureuse Une éthique respectée et exemplaire + Une implication dans sa communauté pour co-créer notre singularité et atteindre notre objectif de reconnaissance de notre profession.
Chers collègues coachs, ayez du plaisir dans votre pratique! C’est avec plaisir que nous nous croiserons dans les activités de la FICQ.
Je remercie Sylvie Guignon, doctorante en Sciences de l’éducation de l’Université Laval de m’avoir fourni des articles sur la sociologie des professions et l’identité professionnelle.