20 mars 2025

Coaching et neurodivergence : enjeux et adaptationspar Julie Choquette, Emmanuelle Ladouceur

À la fin de l’année 2024, ICF Québec a organisé un atelier de réflexion réunissant plusieurs participants afin d’échanger sur le coaching de personnes neurodivergentes. L’accompagnement de personnes neurodivergentes ramène à l’avant-plan le principe que chaque individu est unique et différent de soi. Il est ainsi possible que certaines personnes que nous accompagnerons présentent des différences suffisamment importantes pour se questionner sur notre façon de faire, pourtant efficace jusqu’à ce jour. Le processus de questionnement et de recherche intérieure pour se repositionner peut être inconfortable. Cette quête pourrait nous amener à prendre de la distance pour comprendre et également ouvrir le dialogue avec le client. Cet échange permettra de trouver un sens commun à cette situation déstabilisante. Les raisons peuvent être multiples, mais une des voies pourrait être un fonctionnement neurologique différent, une neurodivergence, accompagné d’un diagnostic précis ou non. Il est essentiel de ne pas présumer des besoins du client uniquement en fonction du diagnostic, ou de caractéristiques évidentes. Comme tout autre client, chaque personne est complexe et le produit de diverses influences, bien expliqué dans un précédent article d’ICF Québec 

Ceci soulève plusieurs questions importantes : est-ce qu’un coach doit se préparer différemment lorsqu’il sait qu’il accompagne une personne neuroatypique, comme une personne autiste, ayant un TDAH ou des troubles d’apprentissage ? Est-ce que les défis du coaching sont différents dans ces contextes ? Est-il plus difficile de maintenir la posture de coach et les compétences essentielles dans ces situations particulières ?

En théorie, le coaching repose sur une posture flexible et inclusive, prenant en compte les défis propres à chaque client, qu’il soit neurodivergent ou non. Le processus de coaching est conçu pour accompagner tout type de client, indépendamment de sa façon de penser, de ses croyances ou de son expérience de la vie. Le respect des compétences essentielles du coaching permet d’atteindre des objectifs clairs avec le client et de maintenir le cap vers leurs réalisations. La flexibilité est une compétence clé du coach, qui doit être capable d’adapter ses techniques en fonction des réactions et besoins de son interlocuteur. Cependant, le processus de coaching tel qu’il est généralement appliqué est-il véritablement inclusif ? Et comment s’assurer de le rendre inclusif pour la personne qui est devant nous? La cocréation sera ici plus qu’essentielle: adapter la durée des rencontres en fonction du niveau d'énergie et de la capacité du client à traiter l’information sera peut-être nécessaire.

Un important défi réside dans l’adaptation de notre style de communication. Des techniques comme le questionnement puissant, le silence, la métaphore ou l’analogie peuvent représenter des méthodes moins efficaces pour certaines personnes qui préfèrent des échanges plus concrets, directs et structurés. L’importance de varier ses méthodes de coaching, et offrir une flexibilité au lieu d’un cadre établi est d’autant plus grande face à des individus qui pensent différemment. La capacité d’ajuster son approche en fonction du client est essentielle, nécessitant parfois de sortir des méthodes conventionnelles.

Un autre enjeu majeur consiste à trouver l’équilibre entre soutien et autonomie. Les personnes neurodivergentes font parfois face à des défis spécifiques dans certains contextes, tout en possédant des forces uniques. Le rôle du coach est de les aider à identifier et mobiliser leurs ressources en s’assurant de maintenir un dialogue tout au long de la trajectoire vers l’autonomie pour éviter de surprotéger ou de les pousser à développer cette dernière au rythme d’une personne neurotypique. Encourager l’autonomie tout en offrant un cadre structurant et rassurant sera gage de réussite et d’atteinte des objectifs.

Finalement, la gestion des émotions peut représenter un aspect délicat. Certains clients neurodivergents éprouvent des difficultés à exprimer ou réguler leurs émotions, ce qui influence la dynamique du coaching. Le coach doit donc être attentif aux signaux non verbaux et créer un espace où le client se sent en confiance pour partager ses besoins sans crainte du jugement.

Coacher une personne neurodivergente demande une écoute active, une posture inclusive et une capacité d’adaptation constante. En dépassant les cadres traditionnels et en reconnaissant la diversité des modes de pensée et d’apprentissage, le coaching devient un véritable levier d’épanouissement pour tous.

Voici quelques ressources qui pourront vous aider à mieux comprendre certaines des différences:

Guide autistes et non-autistes mieux se comprendre
Un guide co-écrit avec des personnes autistes et non-autistes.

Fédération québecoise de l’autisme (FQA) iBoite à outils et ressources 
Comment parler d’autisme (le vocabulaire)
Association québécoise des Troubles d’apprentissage

Julie Choquette, linked IN
Formatrice et coach PCC-Boreal coaching

Emmanuelle Ladouceur, linked in
Rôle conseils, formatrice et accompagnement-CRHA

Julie Choquette, Emmanuelle Ladouceur