15 juin 2011

L'engagement vs le décrochage du coachpar Johanne Landry, PCC

Peut-être trouvez-vous le titre assez inusité. Nous prônons et avons la croyance d’un engagement indéfectible envers nos coachés. Le coach est le dernier qui doit décrocher, n’est-ce pas ?  Après tout, il est formé pour tenir le coup, il a en poche plus d’une technique, plus d’un outil pour faire face à toute situation. Mon intention, avec cet article, est de partager mes réflexions et mon questionnement. Cela vous permettra peut-être de vous repositionner dans certains mandats.

En fait, on m’a formée en me précisant que les qualités du coach sont le non-jugement, l’accueil, l’ouverture inconditionnelle, une présence entière.  Le coach jongle à la fois avec ses capacités d’analyse et son intuition. Il possède de réelles qualités de cœur. Un être quasi parfait.  Il est engagé envers son client et le mandat confié.

J’y crois, j’y ai cru et, depuis quelques temps, je réfléchis à certains de ces aspects.  Je vis actuellement une situation qui m’ébranle dans mes convictions comme coach.

Et si le décrochage était signe d’engagement.  Par décrochage, j’entends ici, la perte de la foi aux possibilités ou à la volonté de changement du coaché ou/et  la perte de la foi en mes propres habiletés à accompagner de façon adéquate mon coaché. Cette perte de conviction aboutira à l’envie de se retirer du mandat..sortie côté cour ou jardin !!  Avez-vous déjà vécu cela ?

Ce sentiment d’impuissance, c’est mon ennemi et mon ami ; beau paradoxe. Mon ennemi parce qu’il me paralyse et mon ami parce qu’il me permet de me brancher sur mon essence, de trouver d’autres pistes, de rebondir encore plus forte.

Dernièrement, j’ai utilisé le dessin pour faire visualiser à un client la situation dans laquelle nous nous retrouvions.  Il a clairement vu que j’étais à 2 doigts de décrocher et qu’il fallait rapidement mettre en place les conditions pour éviter cette rupture, s’il le souhaitait…ou plutôt si nous le souhaitions tous les deux.  Nous avons revalidé notre entente, j’ai pu affirmer mes besoins pour me sentir en puissance.  Surprise ! Il a compris et a, tout à coup, fait un pas.

Mon engagement, envers lui, à l’accompagner dans son cheminement vers l’atteinte de son objectif m’a permis de lui déclarer haut et fort mon envie de décrocher car nous étions dans une spirale descendante plutôt qu’ascendante.

Je me suis donnée la permission de prendre du recul, d’annuler une session de coaching pour mieux comprendre ce qui se passait : mon ouverture ressemblait plus à de la fermeture, mon non jugement avait pris, lui aussi, le côté cour.  L’être parfait ne l’était plus.  J’ai même consulté mon groupe de co-développement (je vous encourage à en trouver un le plus rapidement possible, c’est extra).  C’est là que j’ai réalisé que l’envie de décrochage était un signal d’alarme, à tout le moins dans le cas présent.

Et là je me suis posée la question : s’il n’y avait pas eu de revalidation de l’entente, qu’aurais-je fait ?  Pour le bien mutuel, j’aurais mis un terme à notre démarche, en expliquant bien les raisons et, surtout, en pensant au client, à son cheminement.   Décrocher peut être le meilleur service à rendre au client.

L’effet Pygmalion nous démontre que les gens vont aller aussi loin que notre croyance en leurs capacités. Si nous doutons, comment pouvons-nous bien les accompagner et les faire cheminer?  Pour ma part, mon expérience me prouve qu’une confiance aux capacités du client est une clé importante à son avancement et un levier essentiel pour le coach lui-même. À l’inverse, le manque de confiance risque de paralyser le coach.   Pas trop longtemps puisqu’il a des outils lui permettant de rebondir.
  Si vous pensez à décrocher... prenez du recul, consultez un autre coach pour voir plus clair, identifier les conditions de succès à retrouver pour poursuivre, parlez-en franchement avec le coaché.

  Si vous arrivez à la conclusion que décrocher est la solution : soyez au clair avec les raisons de ce décrochage, discutez-en avec le coaché, lui référer une nouvelle ressource si c’est pertinent, rappelez-lui votre engagement envers sa réussite et souhaitez-lui bonne chance.

Johanne Landry, PCC Coach et formatrice