Méditation sur l'hygiène du coachpar Lyne Leblanc, PCC
Avant de partager avec vous mes réflexions sur ce sujet, définissons d’abord ce que j’entends ici par « l’hygiène » du coach. Nous partons du principe qu’il s’agit d’un certain nombre de balises que nous mettons pour nous sentir en accord avec nous-mêmes dans notre vie. Admettons au départ que l’hygiène de vie peut avoir une « teinte » différente en fonction de nos besoins personnels pour se sentir en équilibre.
Et, au-delà de ce que je suis comme personne, quelle responsabilité ai-je, comme coach, de m’occuper de cela? Pour reprendre ce qu’exprime Robert Dilts dans sa définition du leadership : « le coach est un exemple ». J’entends par là, être en congruence avec ce que je fais comme métier, pouvoir inviter la personne coachée à respecter sa propre hygiène personnelle et l’inspirer dans ce sens par mon attitude.
En tenant compte de ce qui précède, je pose donc la question : « de quoi ai-je besoin, comme personne, pour sentir que je suis en phase avec moi et avec les autres au niveau physique, mental et spirituel ? ».
Je suis, personnellement, très interpelée par cette notion. Je constate que ceci est également partagé par mes pairs à travers ma pratique de supervision.
Le corps est une superbe machine! Qu’est-ce qui me rend attentive à donner à cette machine ce dont elle a besoin? La vie personnelle (famille, enfant(s), amitiés, etc..) demande de l’attention, de l’énergie, du temps. Loin de m’en plaindre, je suis là de tout mon cœur, ces personnes sont importantes dans ma vie. Et, qu’est-ce que je me réserve à moi ? Qu’en est-il des choses aussi basiques que l’alimentation, le sommeil, l’exercice physique, les moments de détente?
Pour celui ou celle qui bénéficie d’une santé de fer et d’une énergie débordante, le défi est d’autant plus grand puisqu’il ne voit pas toujours venir l’état de fatigue.
Le coach qui se trouve dans un environnement professionnel où il est seul maître à bord, a une latitude sur l’horaire, le nombre de sessions de coaching, l’espace qu’il prend entre chaque client. Par contre, il joue souvent le rôle de planificateur, de représentant des ventes et d’administrateur en plus d’être un coach. Comment calibrer son énergie à travers ses différents défis?
Et puis, il y a le coach qui se trouve dans un contexte organisationnel où on lui demande de voir un nombre important de clients quotidiennement, de faire rapports et suivis. Dans cette situation, comment prendre le recul, se retrouver, charger ses batteries?
Parallèlement, le coach est souvent perçu par son entourage comme celui qui justement « sait si bien écouter ». Dans cela, il y a les besoins des gens que j’aime et il y a mes propres exigences! Jusqu’où suis-je au clair avec ce à quoi je réponds? Comment mettre des limites à ce que je peux faire? Comment je dis non à l’autre parce qu’il est important de me dire oui à moi? Tout cela parce que je sais pertinemment que c’est uniquement de cette façon que je suis dans un rapport d’authenticité avec les autres.
Si je vais au-delà de mes capacités, de mes disponibilités, voire même de certaines de mes valeurs, quelles croyances m’habitent et m’encouragent dans ce comportement? Quel est le bénéfice pour moi? Et, quel en est le coût?
J’ai la profonde conviction que le métier de coach contribue à changer la face du monde puisqu’il permet à l’être humain de répondre à ses questions fondamentales par rapport à son existence, à son identité et à sa mission. À titre de coach, quelle responsabilité ai-je envers moi-même pour être en phase avec mon engagement?
« Sois le changement que tu veux voir dans le monde » disait Gandhi. Quelle phrase inspirante pour nous les coachs! Elle me permet à moi de rester consciente de là ou j’en suis sur mon chemin et ce, en sachant fort bien que je n’ai pas répondu à toutes les questions que je pose.