18 février 2021

Incarner un état d’esprit coaching, qu’est-ce que ça veut vraiment dire?par Nathalie Dubé, MCC

L’état d’esprit coaching est assez important pour avoir sa propre compétence dans le nouveau modèle d’ICF et est un élément clé de la « façon d’être » ou du « savoir être » du coach. L’état d’esprit coaching révèle la manière d’être du coach qui influence le travail qu’il fait avec son client pour soutenir ses apprentissages et la transformation chez ce dernier. Ainsi, « l’état d’esprit coaching » se démontre au travers de la démonstration de toutes les compétences en coaching.

Mais qu’est-ce que ça veut dire vraiment? Comment développer un État d’esprit coaching? Qu’est-ce qui me permet de dire que j’ai un État d’esprit coaching?

Cet article a pour but de vous partager ma compréhension de la compétence et de proposer des pistes de réflexion permettant de connecter avec votre propre État d’esprit coaching.

La définition de cette compétence paraît simple : « Développe et maintient un état d'esprit ouvert, curieux, flexible et centré sur le client. », mais est-elle vraiment simple?

Pour préciser et comprendre la compétence, ICF a élaboré une série de huit sous-compétences :

  1. Reconnaît que les clients sont responsables de leurs propres choix.
    L’emphase ici est sur le fait que le coaching est centré sur le client. Le coach peut explorer, questionner, challenger, etc. Toutes ces habiletés ont pour but de responsabiliser le client et de maximiser son potentiel.
    Réflexions/questions :
    1. Quand je demande à mon client : « Sur quoi veux-tu mettre le focus? », « Comment veux-tu explorer cela? », « Quelles sont tes options? », « Comment vas-tu t’assurer de maintenir ton engagement envers toi-même? », etc. qu’est-ce qui me dit que je suis vraiment curieux, confiant et prêt à entendre et explorer ce que mon client souhaite même si je ne connais pas la réponse?
    2. Quel est mon niveau de confiance et de confort envers mon client et son imputabilité?
  2. S'engage dans un processus d’apprentissage et de développement continu en tant que coach.
    Les clients (et les coachings) évoluent dans un monde complexe ; les 40 heures obligatoires sur trois ans pour le renouvellement de l’accréditation ICF sont un minimum pour accompagner nos clients à la hauteur de leurs défis et de leurs enjeux. Au-delà de développer de nouveaux savoirs-faires, le coach est invité à développer son savoir-être et son savoir-devenir coach.
    Réflexions/questions:
    1. Comment développer ma capacité à comprendre les dynamiques systémiques et relationnelles qui influencent mes clients et être un « ouvreur de conscience » du potentiel et des possibilités qui s’offrent à eux et à leur organisation?
    2. Quel est mon plan de développement de mon « soi-coach »?

  3. Développe une pratique réflexive continue pour améliorer sa pratique de coach.
    Cette sous-compétence met en lumière la capacité du coach à prendre du recul face à un client, à un contexte, aux possibles angles morts, aux trappes éthiques, à sa façon d’être et d’agir.
    Réflexions/questions:
    1. Quel temps je m’accorde après une session de coaching pour réfléchir sur ce qui a fonctionné, ou pas, pour mon client et pour moi?
    2. Comment intégrer dans mon quotidien une pratique qui développe ma conscience de mes angles morts?
    3. Quelles sont mes trappes éthiques?
    4. Qu’est-ce qui fait qu’avec ce client, ça ne fonctionne pas comme avec les autres?
    5. Qu’est-ce que j’ai besoin d’explorer avec mon superviseur pour améliorer ma pratique de coach?

  4. Reste conscient et sensible à l'impact du contexte et de la culture sur soi et sur les autres.
    L’invitation ici est d’ouvrir sa conscience de coach sur l’influence du contexte, de la culture, des systèmes présents (les reflets systémiques) et de la diversité en général, et ce, tant sur le client que sur soi lorsque nous sommes avec ce client. C’est aussi la conscience qu’a le coach de ses biais et de ceux de son client et comment ceux-ci influencent le travail en coaching.
    Réflexions/questions :
    1. Quels sont les reflets systémiques à explorer qui ont une influence sur mon client, sur ses équipes et sur le contexte plus large?
    2. Quels sont les impacts du système de mon client qui influent sur l’efficacité du coaching?
    3. Quels sont les biais présents avec ce client? Qu’est-ce qu’ils nous empêchent de découvrir? En quoi les blocages de mon client sont-ils liés à mes biais ou les siens?

  5. Utilise sa conscience de soi ainsi que son intuition au service des clients.
    Savoir utiliser son intuition est une compétence en soi en ce sens que le coach doit faire la différence entre ses interprétations et ses biais qui peuvent influencer les interventions qu’il fait en coaching et ses intuitions qui prennent racine dans le ici-maintenant de la co création et la co exploration avec son client.
    Réflexions/questions :
    1. Qu’est-ce qui peut déclencher en moi un besoin de performance qui prendrait le dessus sur mon intuition?
    2. Comment je mets mon intuition au service de mon client?
    3. Qu’est-ce qui peut m’amener à coacher le problème au lieu de la personne?
    4. Comment prendre soin de mon « soi-coach »?
  6. Développe et maintient sa capacité à gérer ses émotions
    Afin d’accueillir et de travailler avec les émotions du client, nous avons d’abord besoin d’être conscients des nôtres et de la façon de les gérer et de les réguler de manière à ce qu’elles ne gênent pas le processus de coaching. En supervision, on parle « d’empiètement du personnel sur le professionnel » lorsque les émotions du coach influencent la direction du coaching.
    Réflexions/questions :
    1. Quelles sont les situations où je risque de verser dans la sympathie avec un client?
    2. Quelles sont les situations qui sont difficiles dans ma vie actuellement qui risque d’influencer ma façon d’être avec un client?
    3. Quels sont les moyens que je me suis donné pour « m’attraper » et me réguler dans de telles situations?

  7. Se prépare mentalement et émotionnellement aux séances de coaching
    Cette sous-compétence s’appuie sur toutes celles qui la précèdent ; Une préparation consciente, intentionnelle est essentielle pour travailler avec nos clients. Il s’agit d’un processus continu dans le cadre de notre développement global et est également une activité spécifique en préparation pour chaque session de coaching.
    Réflexions/questions :
    1. Qu’est-ce que j’ai mis en place pour nourrir mon être-coach?
    2. Quelle est ma pratique qui soutien une préparation adéquate avant de rencontrer un client?
    3. Est-ce que cette pratique est encore efficace et à propos ou si j’ai besoin de l’actualiser?

  8. Recherche l'aide de ressources extérieures lorsque nécessaire
    À tout moment dans sa pratique, l’état d’esprit d’un coach peut être plus fragile, il est tenu d’y porter attention tel que le précise l’article 17 du code de déontologie : « J’ai conscience de mes limites personnelles ou de la présence de circonstances susceptibles de me placer en conflit, d'interférer, ou d’altérer mes prestations ou mes relations professionnelles. Si nécessaire, je solliciterai un soutien afin de déterminer les mesures à adopter ou je rechercherai rapidement un appui professionnel pertinent, voire je suspendrai ou je mettrai fin à ma prestation de coaching.»

En résumé, développer et maintenir un état d’esprit coaching nous demande une pratique réflexive régulière afin d’offrir à nos coachés une présence optimale. Pour plusieurs d’entre nous, faire ce travail seul peut s’avérer difficile car trop d’angles morts peuvent nous brouiller la vue ; dans ces cas, travailler avec un superviseur de coach s’avère bénéfique, voir essentiel, tant pour le coach que pour ses clients et leur organisation.

Nathalie Dubé, MCC Maître coach certifié ICF, Superviseur certifiée ESIA, Coach mentor