18 avril 2019

Retour au travail après un cancer : Un défi pour tous!par Sophie Blondin, ACC

Selon Statistique Canada, quatre personnes sur dix seront atteintes de cancer au Canada. De ces personnes atteintes, une personne sur quatre en décèdera. De plus, toujours selon Statistique Canada, 60 % des Canadiens seront toujours en vie cinq ans après leur diagnostic de cancer.

Les personnes qui ont terminé leurs traitements et qui retournent à la vie active sont appelées survivantes (bien que plusieurs dénoncent cette appellation, je l’utiliserai dans cet article afin de faciliter la compréhension). L’expérience qu’elles ont vécue les a transformées et leur a demandé de se réinventer. Elles reviennent donc au travail avec un bagage nouveau avec lequel les collègues et le gestionnaire doivent composer.

Ce retour est souvent une source d’anxiété, de tensions, de déceptions, de remise en question ou tout simplement d’un sentiment d’inconfort de part et d’autre, qui influencent le climat, la motivation et le fonctionnement au travail. Si la problématique n’est pas résolue, il peut en résulter un départ du survivant en raison des difficultés à s’adapter. Une baisse de productivité pour le gestionnaire, l’équipe et/ou le survivant peut aussi se manifester. Des pertes financières et/ou des difficultés organisationnelles sont alors à prévoir pour l’entreprise.

Bref, accompagner l’équipe et la personne qui revient peut être très avantageux pour une entreprise. Ma pratique de coaching en oncologie m’a amenée à voir des clients qui quittaient leur emploi après un retour. Les raisons ? Manque ou trop de défis, situations difficiles avec les collègues, rythme de travail inadéquat etc… D’autres restaient pour les conditions de travail intéressantes mais le rendement n’y était plus faute de motivation. Une constante se dégage : le manque de communication entre les parties. La quête de sens pour la personne qui revient est un élément qui ressort souvent en coaching.

Idéalement, les entreprises devraient accorder autant d’importance au protocole du retour au travail d’une personne ayant terminée ses traitements de cancer qu’à la personne qui revient d’un épuisement professionnel ou d’une dépression. Une entreprise, petite, moyenne ou grande gagnerait à s’assurer de bien accompagner son personnel lors d’un retour au travail dû à un cancer.

Que faire alors en tant que coach? Rétablir la communication. Il est important de bien établir les bases du contrat de coaching. Comme ici, une entente tripartite est souvent nécessaire, tous les intervenants doivent être aux claires avec les attentes et les besoins de chacun. Je suggère même un accompagnement en deux temps i.e. avant et pendant et ce, pour toutes les personnes impliquées: gestionnaire, collègues et survivant.

La préparation au retour est essentielle pour tous afin d’évacuer les stress, les non-dits et les craintes et de nommer les besoins et les attentes. Cette rencontre d’échange procure l’occasion d’ouvrir sur des préoccupations réelles de différentes natures : personnelle et/ou professionnelle. Vous savez le fameux quoi dire et quoi ne pas dire! Sans compter que pour le gestionnaire, il est pertinent de connaître l’état de son équipe avant le retour. Il peut ainsi mieux adapter sa stratégie.

Quant au gestionnaire lui-même, cette rencontre avec le coach lui donne l’opportunité de bien se connecter à sa réalité personnelle ET professionnelle vis-à-vis de son équipe et d’établir un plan d’action.

En ce qui concerne le survivant, la démarche de coaching l’amènera possiblement à ouvrir sur le sens donné au travail, les deuils, les craintes, les attentes, les doutes et les défis que comporte un retour à la vie professionnelle. Accompagner un survivant en coaching, c’est l’amener à nommer ses ressources, enjeux, ses forces et ses défis. Les outils choisis devraient donc permettre l’exploration de ces thèmes. Personnellement, j’aime utiliser les Évolution Loops de Canno et Launer pour explorer les pertes et les changements. Quant aux ressources, les forces de Martin Seligman amène le survivant à identifier concrètement ses propres outils.

Lors du retour, le coaching joue un rôle de catalyseur au sein de l’entreprise : il facilite le fonctionnement tout en se tenant au service des individus comme de l’équipe. Le plan d’action du gestionnaire est partagé avec son équipe (y compris le survivant). Il est revu et modifié au fur et à mesure grâce aux rencontres de coaching d’équipe et individuelles. Combien de temps? Combien de rencontres ? Difficile à dire, tout dépend de l’équipe, du gestionnaire, des tâches à accomplir et bien évidemment de la personne qui effectue son retour à la vie professionnelle.

La préparation en amont et l’accompagnement lors du retour de toutes les personnes impliquées grâce au coaching, représentent la clé du succès pour une entreprise qui souhaite de pas voir partir son employé (donc son expertise) ni avoir une baisse de productivité.

Vous souhaitez en savoir davantage? N’hésitez pas à communiquer avec moi. Je travaille oncologie et coach depuis presque 10 ans maintenant.

Au plaisir de croiser votre route!

Sophie Blondin ACC, M.A,

Sophie Blondin, ACC