Comment les chevaux m’ont permis de transformer ma communication de coachpar Nathalie Dubé, MCC
Dans un précédent article ( https://icfquebec.org/article/469 ), je vous ai partagé ce que les chevaux m’ont révélé sur la qualité de ma présence de coach. Une autre compétence essentielle a elle aussi été transformée grâce à eux : la communication directe. Moi qui croyais maitriser la communication claire et franche, je fus surprise par ce que ces guides m’ont renvoyé comme feedback !!
Paradoxalement tout part du pouvoir du silence dans la communication ! En effet, initier une relation avec un cheval, c’est prendre le temps d’une approche bienveillante. Sans prononcer un mot, la relation s’installe et la connexion émerge peu à peu. J’apprends à communiquer avec lui au travers d’une présence consciente, avec l’intention claire de respecter son rythme et de créer un partenariat authentique dans lequel chacun prend sa place librement.
Entrer en relation avec un cheval en allant droit à mon objectif, sans l’écouter, c’est risquer d’éveiller sa méfiance.
Le pouvoir du silence et de la bienveillance, c’est prendre le temps qu’il faut pour établir un contact, partager mon intention de connexion, observer tous les signes que l’autre m’envoie, c’est ressentir la connexion et lui demander d’approuver un objectif, par exemple lui mettre le licou. Dans l’intangible du silence, une communication harmonieuse, bidirectionnelle et bienveillante s’est produite.
Question :
En tant que coach, quelle est la place que je donne au silence dans les communications? Comment est-ce que je m’assure que la relation est solidement établie? Qui donne le tempo de la session de coaching ? Qu’en est-il du non-dit, du ressenti, et quel en est l’impact ?
Les études réalisées par Albert Mehrabian (*) ont établi que le langage non verbal impacte jusqu’à 93% la transmission d’un message ; avec un cheval, on peut parler de 100%.
Le langage du corps est le reflet de notre conscience intérieure : comment je communique avec mon corps révèle qui je suis en cet instant. Nous avons chacun un style de communication qui nous distingue et auquel nous avons recours dans nos relations avec l’autre. Les nuances et les variations dans la manière dont je communique traduisent qui je suis et ce que je vis dans l’instant présent. En tant qu’être humain « déconnecté » de notre corps, nous n’en avons pas nécessairement conscience; un cheval ne s’y trompe pas ! À tout moment au cours d’une interaction, le cheval sera attentif aux signaux non-verbaux que je donne. Par le ton et les vibrations de ma voix, mes gestes, ma respiration, mes variations d’énergie. Pour lui, seul compte qui je suis à l’instant présent, ici et maintenant.
Question :
Quelle conscience ai-je de l’impact sur l’autre de mon langage du corps et plus généralement de ma communication non-verbale ? Comment le langage non verbal de mon client affecte-t-il ma propre perception ? Qu’est-ce qui devient possible quand j’en prends conscience ?
Dire les choses clairement et simplement. Sans détour, sans sous-entendu, avec sincérité et authenticité. Dans le langage cheval, on parle de congruence : un alignement entre ce que je pense et ressens et entre ce que je montre et dis. Lorsque le cheval ressent une dissonance entre mon attitude et mon état intérieur, pour lui c’est incohérent, inconfortable et même peut-être menaçant. Il pourrait s’éloigner et rompre la connexion. Un cheval n’a pas peur des émotions, quelles qu’elles soient. Il a la capacité de pouvoir y rester présent pour autant que la personne en face de lui soit vraie, en congruence.
Avec eux, j’ai pu observer leur capacité à détecter même la plus subtile des incongruences de ma part. Leur réponse a été immédiate: la déconnexion et me laisser seule avec mes pensées.
Les incompréhensions et les malentendus causés par nos conditionnements, la complexité et la diversité de nos personnalités, de nos modes de fonctionnement et de nos styles de communication sont fréquents. Alors, comment s’exprimer avec clarté et simplicité, et inviter l’autre à en faire de même?
Question :
Dans quelle mesure suis-je capable d’exprimer mes besoins et mes demandes avec clarté et sans détour ? Comment j’invite mon coaché à faire de même, avec moi et avec les autres, au service d’une communication authentique ?
Le cheval, avec son hyper-sensibilité et sa bienveillance, invite également à une communication consciente. Quand j’interagis avec lui, je suis consciente et attentive à mes émotions et à mes besoins, et j’accueille les siens de la même manière. Je suis consciente des impacts qu’ils peuvent avoir sur la communication que nous avons à ce moment là. Je suis consciente de mes préjugés, de mes jugements envers moi et envers l’autre, et de toutes les pollutions mentales qui entravent la communication. Le cheval, lui, n’émet aucun jugement. Il vit le moment présent pour ce qu’il est. Seule la vérité de l’instant l’intéresse.
Question :
Qu’est-ce que j’observe derrière le mode de communication de l’autre ? Et du mien ? Qu’est-ce que cela éveille en moi comme émotion, pensée, jugement ? Comment est-ce que cela affecte la communication entre l’autre et moi ?
Quelle stratégie est-ce que je veux mettre en place quand je souhaite adapter mon mode de communication à l’autre ?
Riche de tous ces apprentissages que les chevaux m’ont transmis, ancrés profondément dans mon mental, mon corps et mon cœur, j’ai l’intime conviction de communiquer à présent avec mes coachés avec une plus grande authenticité et simplicité, dans le seul but de susciter plus d’impact au bénéfice des apprentissages et de l’atteinte des objectifs de coaching de mon client.
Et vous ? Qu’est-ce que cela vous inspire par rapport à votre propre communication ? Bonne réflexion !
Nathalie Dubé, MCC
Maître coach et superviseure certifiée
En collaboration avec Anouk Lorie, coach certifiée en apprentissage et coaching facilités par les chevaux et Christian Bourcy, coach professionnel en gestion et en agilité organisationnelle
Apprenez-en plus sur ce que les chevaux peuvent nous apporter dans notre métier de coach
(*) "Decoding of Inconsistent Communications" et "Inference of Attitudes from Nonverbal Communication in Two Channels" – 1967