Comment aider mon client à sortir d'un tourbillon émotionnelpar Sylvie Labelle, PCC
Parfois, nos clients sont pris dans un tourbillon émotionnel. Nous essayons de les aider en explorant leurs émotions, et les résultants sont, quelquefois, non probants. Je vous propose ici une autre façon de les aider, qui se fait à travers leur corps.
Ainsi, durant une session de coaching, Suzy me dit : « C’est horrible, mon chien Milou est mort.. ». Elle semble alors prise dans un tourbillon émotionnel.
Au lieu d’explorer ses émotions, une façon efficace de l’aider à retrouver sa sérénité, est de lui demander : « Que se passe-t-il dans ton corps? ».
La première étape de l’exploration est de s’éloigner de ce tourbillon émotionnel et de revenir à son corps. C’est la seule information dont nous avons alors besoin.
« Dans ton corps, s’il-te-plaît, maintenant.»
Elle semble essayer de retrouver le chemin des neurones de son cerveau.
« Oui », dit-elle.
« Que se passe-t-il dans ta poitrine, ton plexus solaire? Qu’est-ce qui est là? »
En dépit des résistances émotionnelles présentes, le « maintenant » est toujours préférable à l’histoire (personnelle) à cet effet. Avec l’histoire personnelle, nous risquons de nous y perdre, comme dans un labyrinthe.
Donc, entrer dans leur corps directement, dans ce qu’ils sentent directement.
Suzy me dit que son corps est, d’une façon « surprenante», détendu et calme. C’est comme s’il y avait un nouvel air de printemps qui flottait. Pas de pollution. Elle me dit que tout est « clair » (dans son corps).
Comme je lui demande comment cette clarté l’affecte, elle me dit qu’elle remarque quelque chose qu’elle n’a jamais remarqué avant : rien n’est « pas correct ». Toute son « histoire » n’a maintenant plus d’importance.
Comme elle est devenue de plus en plus curieuse à propos de cette clarté, un sentiment de bienveillance remplit son corps. Elle comprend que Milou a vécu aussi longtemps qu’il était sensé vivre. Que sa mort n’a rien à voir avec sa valeur ou son manque de valeur à elle. Cela n’était pas une compréhension mentale, c’était une connaissance de ses sens, de son corps.
La clarté se change en un noir épais, quasiment palpable, mais pas collant, qu’elle me dit. Son effet était le calme et la paix. Comme elle s’engage dans ce calme (en visualisant cet espace dans son corps), elle se sent sans frontières, immense. « Je sens un peu de peine à travers ce noir », dit-elle. « Milou va me manquer, voir son visage ». Mais ceci est différent que de se sentir écrasée, anéantie. De croire que ce qui est arrivé n’aurait pas dû se produire.
De la haine de soi à pas de soi. De l’enfer à la paix, en vingt minutes.
La base de l’être humain est faite de clarté. Cette base est saturée de paix. C’est pourquoi cette forme d’exploration fonctionne. Quand le client croit sa version des faits, son « histoire », cela peut être comme s’asseoir devant un aéroport avec un masque sur ses yeux et des bouchons dans ses oreilles – et croire qu’il regarde un mur! Juste parce qu’il ne peut voir les avions, ni les entendre, cela ne veut pas dire qu’ils n’existent pas. Parfois, c’est comme cela que nous vivons, nous, les êtres humains.
La paix intérieure, qui dépasse nos « histoires » et nos interprétations de notre « réalité », demande un questionnement de nos présomptions.
Ce questionnement est à la fois le processus et le but de notre exploration.
Quand mon client est volontaire à répondre à mes questions, à explorer et donc à ressentir, ce qui est là, dans son corps – terreur, haine, colère… – avec curiosité, les émotions se détendent, parce qu’elles sont accueillies avec compassion et ouverture, au lieu d’avec résistance ou rejet. Elles veulent de la place, se détendre.
Dites-moi où ressentez-vous vos émotions, ce que ressent votre ventre, votre poitrine?
Quand nous faisons de l’exploration corporelle, tout ce qui se passe est un point d’entrée.
Nous ne présumons pas que nous savons ce nous avons à faire ou à quel endroit aller. Nous devenons curieux à propos des émotions et sensations du corps. Nous écoutons le corps, nous ne voulons pas lui dire quoi faire.
Chaque exploration débute en voulant savoir quelque chose que le client ne sait pas, ce qui active notre curiosité et notre ouverture. Elle évoque une partie de client qui n’est pas un conglomérat de vieilles croyances, idées, images de soi, histoires et identifications. La base de son être est déjà saturée de paix, de clarté, de compassion.
Cette exploration n’est pas un processus mental. Le client ressent ce que cela lui fait d’être dans sa peau, ses bras... Il note la sensation et où elle est. Sensation, localisation, sensation, localisation.
S’il a de la peine, je lui demande où est cette peine dans son corps. Il remarque un tas de cendre dans sa poitrine, et surgit la croyance que « l’amour existe pour les autres, mais pas pour moi ». Nous devenons curieux (se) à propos de cette croyance. Depuis quand l’avez-vous?
Des fois, il a de la difficulté à être en contact avec ce que son corps ressent. Nous pouvons lui demander si l’émotion a une forme, une température, une couleur. Nous pouvons demander comment cela l’affecte de ressentir cela. Et comme les émotions évoluent, il commence à observer les changements qui se passent dans son corps, au fur et à mesure que nous lui posons des questions.
Si le client sent qu’il est dans un « cul-de-sac », c’est habituellement parce qu’il a une réaction à une émotion particulière – il ne veut pas se sentir comme cela, il aimerait mieux être heureux en ce moment, il n’apprécie pas les gens qui se sentent comme cela – ou il est dans un mode de comparaison/jugement.
Il est important que la description du client de ce qu’il voit dans son corps soit précise, comme s’il regardait un film.
Le plus important est de se rappeler que cette exploration n’est pas à propos de découvrir des réponses : c’est plutôt un processus direct et expérientiel de révélation, catalysé par l’amour de soi. Et de vouloir savoir qui l’on est, quand nous ne sommes pas conditionnés par notre passé. C’est comme faire une plongée dans le secret de l’existence elle-même. C’est rempli de surprises.
Inspiré de Women, Food and God, de Geneen Roth, Scribner, 2010.