POSITIVITÉ : en cultiver l’art, la science et la pratiquepar Carole Doucet, PCC
C’est en lisant le livre de Barbara Fredrickson, Ph.D., Positivity – Top-Notch Research Reveals the 3-to-1 Ratio That Will Change Your Life – que l’on découvre des facettes insoupçonnées de la positivité. Appuyé par des recherches scientifiques, ce livre représente également un outil puissant pour le coaching et le développement du leadership. Barbara Fredrickson était d’ailleurs l’une des conférencières principales à la Conférence annuelle « Coaching in Leadership and Healthcare 2013 » de l’Institut de Coaching du Harvard Medical School en septembre à Boston.
Qu’est-ce que la positivité ? Le dictionnaire Larousse la définit comme le caractère de ce qui est positif, constructif ou, l’état d’un corps électrisé positivement !
Dans Positivity, Madame Fredrickson présente d’abord six faits sur la positivité avant de démontrer hors de tout doute, grâce aux neurosciences et aux résultats de ses recherches, qu’il existe un ratio, un seuil de positivité relatif à la négativité de 3 pour 1, à partir duquel on peut s’épanouir et changer notre vie.
Voilà les six faits sur la positivité et les émotions positives, dont certains nous sont familiers: la positivité nous fait sentir bien, change le fonctionnement de l’esprit et du cerveau, façonne le futur, freine la négativité, obéit à des règles spécifiques, et le sixième, chacun de nous peut augmenter sa positivité !
Les impacts de la positivité sont nombreux et l’auteure les regroupe dans deux grandes catégories dans ses présentations:
- L’ouverture : alors que la négativité réduit notre champ de vision et restreint nos expériences et nos connaissances, la positivité élève la conscience et la capacité de voir de nouvelles possibilités et idées, ouvre le champ de vision et de perspectives, permet de voir une vue d’ensemble, augmente l’optimisme et la satisfaction, la capacité de retomber sur ses pattes plus rapidement et nous rend plus réceptif et créatif.
- La transformation : en augmentant notre diète quotidienne de positivité par divers moyens décrits dans le livre, nous pouvons littéralement nous transformer, bâtir de nouvelles ressources, augmenter notre résilience et avoir une meilleure vision de nous-même et des évènements.
Concrètement, la chercheure et auteure a répertorié 10 ingrédients (émotions positives) pour cultiver la positivité : joie, gratitude, sérénité, intérêt, inspiration, espoir, fierté, amusement (plaisir, rire), émerveillement et amour. Bien entendu cette liste est loin d’être exhaustive. Par exemple, la joie peut déclencher l’envie de jouer et d’être créatif. L’intérêt peut induire un désir d’explorer et d’apprendre, et la sérénité, l’envie de savourer le présent.
Trop beau pour être vrai ? Voyons ce que les neurosciences nous révèlent. Vous regardez un film d’action dans votre cinéma maison, bien confortable. Le personnage principal se fait poursuivre par un hélicoptère. Que se passe-t-il ? Vous sentez la tension monter. Votre cerveau perçoit un danger et envoie le message à vos glandes de sécréter de l’adrénaline et du cortisol dans votre système pour faire face au danger (foncer– fuir - figer). Si le cerveau réagit à une image négative, il peut également réagir à une image ou une émotion positive qu’on lui envoie. Dans ce cas, il donnera le signal de sécréter des endorphines, créant un sentiment physique et psychologique de bien-être, de calme, d’ouverture, etc. Voilà de bonnes nouvelles !
Dans ses recherches, Barbara Fredrickson a « injecté » du positif à ses groupes témoins pour découvrir le fameux ratio 3 :1 à partir duquel on peut vraiment s’épanouir, c’est-à-dire au moins 3 émotions ou images ou expériences positives pour balancer chaque négative. Comment s’injecter de la positivité ? Par exemple, fermons les yeux et pensons à la dernière fois où nous avons vraiment été inspiré(e)s ou émerveillé(e)s ? Quelles images émergent ? Quel est le ressenti qui en résulte ? Notre ratio de positivité vient à l’instant d’augmenter !
Toutefois, l’auteure nous met en garde. Au-delà du ratio de 11 :1, l’effet inverse se produit. À l’instar de l’expression « trop c’est comme pas assez » elle compare un ratio plus grand que 11 :1 à se cogner la tête au plafond. Ses études démontrent qu’une négativité appropriée fait partie de l’équation pour l’épanouissement. Les défis à la hauteur de nos capacités peuvent être salutaires pour apprécier les expériences positives. L’objectif est d’élever le niveau de positivité et non d’éliminer la négativité. Le livre regorge d’exemples et de pistes pour augmenter le niveau de positivité.
Comme coach, nous avons là un bel outil de référence et une opportunité extraordinaire d’avoir un impact en élevant le niveau de positivité dans notre pratique. Comment? Entre autres, par notre préparation avant une rencontre de coaching en « s’injectant » de la positivité pour créer un état d’ouverture, de présence, de conscience et de créativité au service de notre client.
Il est intéressant ici de faire des liens avec l’intelligence émotionnelle et le développement du leadership dont Daniel Goleman traite dans ses ouvrages. La conscience de soi étant le premier ingrédient de l’intelligence émotionnelle, la positivité devient un facteur clé d’augmentation de la conscience et de l’ouverture. Pensons aussi à Richard Boyatzis qui, dans son article Coaching for Change (Boyatzis, Smith, Van Oosten - People Matters - juin 2010), met en lumière une approche positive du coaching. En bref, ce qui active notre cerveau de manière positive aura un effet direct sur la performance en plus de créer une ouverture cognitive, perceptuelle et émotionnelle.
Cultiver la positivité… certainement un art, une science et beaucoup de pratique !