Posture coach et empowermentpar Dominique Barbès, MCC
Si le coaching est un métier en soi, il ouvre également la voie à une posture professionnelle complémentaire, infiniment riche, pour tous les métiers de l’accompagnement et de la relation d’aide.
La posture professionnelle se caractérise, selon François Délivré par « un certain état de vigilance qu’adopte le professionnel lorsqu’il fait son métier ». Pour le coach, cette posture signifie le souci, plus présent que dans d’autres formes de relation d’aide, que le coaché trouve lui-même sa solution et qu’il applique cette trouvaille immédiatement à d’autres aspects de sa vie, poursuivant ainsi l’exploration du champ de ses possibles.
En cela, et sur plusieurs autres points, la posture coach s’avère particulièrement adaptée pour soutenir le développement du pouvoir d’agir (D.P.A.) de personnes et de groupes en situation d’impuissance factuelle ou ressentie, processus aussi nommé couramment empowerment. Pour ma part j’ai trouvé dans les travaux de deux chercheurs québécois des clés de compréhension enrichissant ma pratique quotidienne, au croisement du coaching et de l’empowerment.
Des fondamentaux communs Sur quels postulats fondamentaux la posture coach et l’empowerment se rejoignent-ils ? En voici au moins 3 :
- Le pouvoir et la compétence ne sont pas des denrées rares : la personne accompagnée a en elle le potentiel pour trouver ses propres solutions. Le coach agit en catalyseur et facilitateur du changement. En D.P.A. la personne n’est pas abordée en fonction de ses carences supposées mais des forces et des atouts dont elle dispose pour aborder le changement désiré.
- Travailler AVEC plutôt que faire POUR : se démarquant de la formation, de la thérapie ou du conseil, le coaching vise d’abord la co-construction. En D.P.A., les experts de la situation à changer sont les personnes qui vivent les situations, le rôle de l’intervenant se résume à les aider à avoir un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles.
- L’individu et son environnement sont indissociables : l’approche systémique en coaching recommande de se décentrer de l’individu isolé pour s’intéresser avant tout au contexte relationnel dans lequel il interagit. Pour W. Ninacs, un processus d’empowerment sera efficient à condition d’intégrer trois dimensions interdépendantes : l’empowerment individuel, organisationnel et communautaire. Y. Le Bossé pose aussi comme préalable d’aborder « l’acteur en contexte ».
La métaphore du câble Parmi les «repères» que je retiens, je vous propose la métaphore du câble, illustrant le processus de l’empowerment individuel pour W. Ninacs: « Les 4 composantes de l’empowerment individuel s’entrelacent à l’image d’un câble confectionné de 4 cordes qui se renforcent mutuellement, à la fois par le soutien que chaque corde apporte aux autres et par la pression qu’elle exerce sur les autres ».
Cet effet de renforcement réciproque signifie qu’affaiblir une composante pourra réduire voire annuler la portée du pouvoir d’agir. Tresser un câble solide et durable suppose une posture particulièrement vigilante du professionnel garant du processus.
Notons dans cette approche de l’empowerment l’introduction de la conscience critique, sans laquelle participation, compétences et estime de soi ne suffisent pas à développer le pouvoir d’agir de la personne. Fruit d’un aller-retour entre l’action et la réflexion, à l’occasion d’échanges de points de vue au sein d’un groupe de pairs par exemple, cet ingrédient essentiel qu’est la conscience critique bénéficiera aussi de la prise de recul offerte par la « méta communication », caractéristique de la posture coach.