15 janvier 2010

Posture coach et empowermentpar Dominique Barbès, MCC

Si le coaching  est un métier en soi,  il ouvre également  la voie à une posture professionnelle complémentaire, infiniment riche, pour  tous les métiers de l’accompagnement et de la relation d’aide. 

La posture  professionnelle se caractérise, selon François Délivré   par « un certain état de vigilance  qu’adopte le professionnel lorsqu’il fait son métier ». Pour le coach,  cette posture signifie le souci, plus présent que dans d’autres formes de  relation d’aide, que le coaché trouve lui-même sa solution et qu’il  applique cette trouvaille immédiatement à d’autres aspects de sa vie,  poursuivant ainsi l’exploration du champ de ses possibles.

En cela, et  sur plusieurs autres points, la posture coach s’avère particulièrement adaptée  pour soutenir le développement du  pouvoir d’agir (D.P.A.) de  personnes et de groupes en situation d’impuissance factuelle ou ressentie,  processus aussi nommé couramment empowerment.  Pour ma part j’ai trouvé dans les travaux de  deux chercheurs québécois des clés de compréhension enrichissant ma pratique quotidienne, au croisement  du coaching et de l’empowerment.

Des fondamentaux communs   Sur quels  postulats fondamentaux la posture coach et l’empowerment se  rejoignent-ils ? En  voici au moins 3 :

  • Le  pouvoir et la compétence ne sont pas des denrées rares :  la personne accompagnée a en elle le potentiel pour trouver ses propres  solutions.  Le coach agit en catalyseur  et facilitateur du changement. En D.P.A. la personne n’est pas abordée en  fonction de ses carences supposées mais des forces et des atouts dont elle  dispose pour aborder le changement désiré.
  • Travailler  AVEC plutôt que faire POUR : se démarquant de la formation,  de la thérapie ou du conseil, le coaching vise d’abord la co-construction. En  D.P.A., les experts de la situation à changer sont les personnes qui vivent les  situations, le rôle de l’intervenant se résume à les aider à avoir un plus  grand contrôle sur ce qui est important pour elles.
  • L’individu  et son environnement sont indissociables :  l’approche systémique en coaching recommande de se décentrer de l’individu  isolé pour s’intéresser avant tout au contexte relationnel dans lequel il  interagit. Pour W. Ninacs, un processus d’empowerment sera  efficient   à condition d’intégrer trois dimensions interdépendantes :   l’empowerment individuel, organisationnel et  communautaire. Y. Le Bossé pose aussi comme préalable d’aborder « l’acteur en contexte ».

La métaphore du câble   Parmi les  «repères» que je retiens, je vous propose la  métaphore du câble, illustrant le processus de l’empowerment individuel  pour W. Ninacs: « Les 4 composantes  de l’empowerment individuel s’entrelacent à l’image d’un câble confectionné de  4 cordes  qui se renforcent mutuellement,  à la fois par le soutien que chaque corde apporte aux autres et par la pression  qu’elle exerce sur les autres ».

Cet effet de  renforcement réciproque signifie qu’affaiblir une composante pourra réduire  voire annuler la portée du pouvoir d’agir. Tresser un câble solide et durable  suppose une posture particulièrement vigilante du professionnel garant du  processus.

Notons dans  cette approche de l’empowerment l’introduction de la conscience critique, sans laquelle participation, compétences et  estime de soi ne suffisent pas à développer le pouvoir d’agir de la personne.  Fruit d’un aller-retour entre l’action et la réflexion, à l’occasion d’échanges  de points de vue au sein d’un groupe de pairs par exemple, cet ingrédient  essentiel qu’est la conscience critique bénéficiera aussi de la prise de recul  offerte par la « méta communication », caractéristique de la posture  coach.  

Le  métier de coach, François Délivré – Éditions Eyrolles - Un livre que je  recommande à tous !

William Ninacs (Empowerment et intervention, Presses de l’Université de Laval  P.U.L)       Yann Le Bossé (LAPDA, Université de  Laval, Québec)

Dominique Barbès, MCC Coach professionnelle