17 octobre 2024

La théorie des 3 Ppar Gilles Tétu, PCC

Notre époque est considérée comme un monde VICA (1) (volatil, incertain, complexe et ambigu). Cette conception contribue à créer un monde qui fait place au doute, à la peur de l’erreur et à l’angoisse de la critique. La théorie des 3 « P » (pour permission, protection et puissance) (2) peut être une approche pour confronter cette incertitude. Cette théorie qui provient de l’analyse transactionnelle (Éric Berne) et qui est très utilisée en coaching permet d’oser sortir de notre zone de confort.

Ainsi, nous savons que les peurs limitent la prise de décision et empêchent l’action, ce qui est contre-productif dans un monde comme le nôtre. Il faut se donner la permission d’essayer, de prendre un risque. Nous devons lâcher prise sur ce qui nous freine et le remplacer par quelque chose d’autre. Pour ce faire nous aurons besoin de protection. Le tout nous donnera de la puissance.

C’est ce que nous allons voir plus en détail.

La permission :

La permission de prendre un risque, de sortir de notre zone de confort implique inévitablement de se tromper. En d’autres mots, de faire ce que nous ne faisons pas habituellement. Si nous faisons continuellement la même chose qui ne fonctionne pas, nous aurons le même résultat que nous ne voulons pas.

C’est alors qu’il devient nécessaire de se permettre de prendre un risque, de voir d’autres perspectives et d’explorer d’autres comportements. Plusieurs types de permissions peuvent être données, comme celle de prendre sa place, d’accepter de faire une erreur, de ne pas réussir du premier coup, de prendre du temps pour réfléchir. On peut aussi se permettre un droit de suite (3), c’est-à-dire d’accepter de voir une personne plus tard quand nous avons eu un problème avec cette personne et que nous n’avons pas agi sur le moment.

Il faut aller au-delà de nos blocages, de ce qui nous empêche d’agir. La permission (4), c’est un encouragement à prendre un risque mesuré, à se dépasser et ainsi explorer de l’inconnu.

Crossman souligne « La permission sans protection est inefficace ».

La protection :

C’est ce qu’il faut faire pour diminuer le risque. Lorsqu’on expérimente du nouveau, on veut le faire avec une certaine sécurité. Un enfant qui commence le vélo, le fera plus facilement si son vélo est proportionnel à sa grandeur, si un adulte est à son côté ou si son vélo à des petites roues de chaque côté. Pas toujours essentiel, mais bienvenu. Apprenant par essai-erreur, il veut diminuer les fautes ou les blessures et cela ne l’empêchera pas d’apprendre. Ces protections lui donnent le goût d’essayer.

Les protections peuvent être de divers ordres (5). Premièrement, en identifiant nos appuis (patron, personnes significatives) et en nous posant la question : « quels sont mes soutiens ? » Également, nous pouvons évaluer des solutions basées sur des données, des propositions en respect des règles, des objectifs ou des orientations de l’établissement ou l’utilisation d’un projet pilote. D’autres questions peuvent nous orienter vers une protection : « Est-ce que j’ai les ressources adéquates ? Quel est mon plan B ? »

La protection (6) va définir les règles et les limites dans le but d’assurer la sécurité et de se rassurer. Ainsi, elle va encourager l’action après s’être donné la permission.

La puissance :

La puissance, c’est ce que nous permet la permission et la protection, c’est-à-dire : oser. Elle nous autorise d’essayer, de progresser et d’aller plus loin.

Permettez-moi de vous partager une expérience d’utilisation des 3 « P ».

Une cadre nouvellement nommée ne se sentait pas à l’aise d’intervenir au comité de direction. Elle avait peur de se faire juger négativement et de dire des choses anodines.

Finalement, elle décide d’intervenir (permission), mais de le faire sur un sujet dont elle est experte(protection). Elle veut le faire aussi en posant une question (protection) au lieu d’une affirmation. Elle est convaincue de pouvoir le faire dans ces circonstances (puissance) au prochain comité de direction.

La puissance rend la personne à l’aise dans cette action. Elle développe (2) la confiance en soi, en ses idées et en ses décisions. Comme le souligne Lao-tseu : « qui domine les autres est fort, mais qui se domine est puissant ».

Finalement, en combinant la permission et la protection nous avons plus de puissance. Nous sommes capables de sortir des zones connues pour explorer celles qui nous sont moins familières.

« Dès que tu avances sur le chemin, il apparaît » Djalâl Al-Dîn Rûmi

Références :

L’acronyme anglais VUCA pour Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity a été introduit par le US Army War College dans les années 90, pour décrire le monde après l’effondrement de l’URSS. Un monde devenu multilatéral, plus volatil, incertain, complexe et ambigu.

  1. McDonald, C. The 3 P’s : Potency, Protection, Permission
  2. Chernet, D. Le triangle des 3 P (Protection, permission, puissance),
  3. Ammiar B. et Kohneh-Chahri, O. La boîte à outils du coaching, Dunod, 2019
  4. Tétu G. Aimer plus le problème que la solution, Infolettre, ACSSS, 2023
  5. Godefroy, J. La règle des 3 P :protection, permission et puissance pour réussir!, https ://reussir-son-management.com
Gilles Tétu, PCC Coach professionnel certifié PCC