15 février 2024

Discussion et dialoguepar Gilles Tétu, PCC

DISCUSSION OU DIALOGUE, VOILA LA QUESTION

Les humains ont progressé parmi les êtres vivants entre autres grâce à leurs capacités de communication. Celle-ci leur a permis de développer leur sens de la coopération, ce qui les a amenés à dominer le règne animal. Le travail de collaboration a été la pierre angulaire de notre évolution; sans la discussion et le dialogue, la race humaine n’aurait pas bâti, créé et inventé.

Déjà les Grecs pratiquaient le dialogue qu’ils distinguaient de la discussion. L’apprentissage collectif nécessite la maîtrise à la fois du dialogue et de la discussion (1). Malheureusement, aujourd’hui la discussion prend une place prépondérante dans nos rencontres. J’oserais dire qu’elle représente notre principal mode de communication. De plus, les réseaux sociaux en sont particulièrement friands. En effet, si nous définissons notre époque comme étant individualiste, nous pouvons observer une propension à la discussion au détriment du dialogue. Nous allons approfondir ces deux formes.

La discussion peut être considérée comme une série d’opinions présentées et défendues. Chacun soutient sa propre opinion nonobstant celle de l’autre. Une sorte de jeu de ping-pong entre les individus. Il trouve ses avantages lors de prises de décision. Lorsqu’une équipe doit prendre une position, c’est la discussion qui est privilégiée.

Le dialogue pour sa part, est un échange ouvert, qui exige une écoute des autres et une atténuation de ses propres idées. Il s’apparente à « un flot continu de message allant de personne en personne » (2). Ici, l’individu n’est pas en compétition pour l’emporter. Le but du dialogue n’est pas de mettre les gens d’accord, mais de mieux faire comprendre les enjeux complexes. Le dialogue est principalement divergent, spécifiquement parce que nous ne partageons pas les mêmes idées. C’est pourquoi il a besoin qu’on y intègre de bonnes dispositions.

Bohm présente les conditions pour réaliser le dialogue, soit :

  1. Tous les participants doivent mettre entre parenthèses leurs a priori, leurs postulats. Si un individu prétend détenir la vérité, le dialogue est rompu.
  2. Chacun doit considérer les autres comme des alliés. Un individu ne devrait pas se sentir juger par les autres.
  3. Il doit exister un animateur, qui maintient le dialogue autour des thèmes choisis. Sinon, le dialogue se transformera en discussion.

Dans les deux modes, le consensus est possible, mais différent. Senge (1) parle de deux types de consensus. Le premier provient de la discussion et a un effet de « rétrécissement ». Il s’appuie sur le dénominateur commun des points de vue de chacun. Ce qui est commun va l’emporter et ce qui est divergent va être négligé. Le second, relevant plus du dialogue, présente une forme « d’élargissement », présentant une vision large des objectifs individuels. Il permet la découverte de quelque chose de différent de la réalité propre à chaque individu. L’important, c’est de comprendre, de découvrir et d’explorer.

Finalement, il peut être intéressant dans certaines rencontres ou comités d’adapter notre communication en utilisant l’un ou l’autre de ces mécanismes. Des discussions sont à privilégier pour la prise de décision. En revanche, des périodes de dialogue peuvent assurément être bénéfiques pour les thèmes qui demandent une réflexion créative, novatrice et franche ainsi que la compréhension de problématiques.

De Bernard Weber je retiens : « L’important n’est pas de convaincre, mais de donner à réfléchir »

Si vous avez des commentaires, n'héditez pas à me les faire parvenir.

RÉFÉRENCES :

1- Sange Peter, La cinquième discipline, First edition,2001,

2- Bohm David, Le dialogue : cheminer vers l’intelligence collective et créative., Ed. Eyrolles, 2021

Gilles Tétu, PCC Coach professionnel certifié PCC