21 décembre 2023

Reculer pour avancerpar Gilles Tétu, PCC

Monsieur Larry Hodgson (1), auteur du livre « Le jardinier paresseux » donnait ce conseil à ses lecteurs : « Si vous apercevez un problème dans votre jardin (trou, mauvaises herbes, etc.), reculez de 15 pas : si vous n’apercevez plus le problème, c’est que ce n’en était pas un ».

C’est aussi vrai en gestion. La différence entre la vision de votre supérieur et la vôtre devant un problème est que lui a du recul; il voit la situation autrement.

Prendre du recul ou avoir une vision hélicoptère demande trois actions.

Prendre un moment :

Vous devez vous libérer du temps pour permettre la réflexion. Combien de fois prenez-vous de temps d’arrêt dans votre horaire ?

Vous êtes payé aussi pour réfléchir, pas seulement pour décider. Vous avez été embauché pour votre capacité de réflexion et celle-ci a besoin d’un moment. Incidemment, il semble difficile de se donner ce temps de réflexion. Nous avons tendance à ne pas accorder assez de valeur à la réflexion, à preuve l’anecdote suivante :

Un homme d’affaires avait un problème avec un appareil important de son usine. Personne n’était en mesure de le réparer. Il fit appel à un réparateur qui était considéré comme très compétent. Celui-ci examina l’appareil, écouta le fonctionnement, réfléchit un moment et finalement donna un coup de marteau. L’appareil fut réparé. Le propriétaire reçut une facture de 1000 $. Abasourdi par le coût élevé de cette intervention, il demanda à l’expert de préciser cette facture qu’il trouvait exagérée.

Il reçut le détail suivant : « pour le coup de marteau $5. Pour savoir où donner le coup de marteau 995$ ».

Changer sa vision :

Il est important de se donner une vision différente de la situation. Si nous avons la même vision, nous aurons la même solution. En effet, nous souffrons parfois de biais cognitifs (2). Ceux-ci s’inscrivent dans notre cerveau et nous présentent des certitudes. D’ailleurs, Bergeron (3) souligne : « Les meilleur(e)s leaders savent quand lâcher prise ou prendre un pas de recul pour faire le point sur ce qui ne va pas. Ils et elles savent qu’on ne gagne jamais à s’embourber dans une situation ».

Il est intéressant alors de réfléchir à des images différentes de notre perception. Il y a plusieurs façons de voir un contexte. Différentes personnes décrivent un même tableau de différentes façons. Il s’agit de voir si nous pouvons raconter « l’histoire » autrement.

Parfois en parler avec d’autres personnes nous permet de voir différemment. D’autrefois, c’est en essayant d’avoir une perception opposée. Par exemple, si vous vous abstenez de juger telle personne, qu’est-ce que vous voyez? Si vous pouviez percevoir le bien de cet évènement qui vous fait mal, qu’est-ce que cela serait ? Si un observateur externe voyait cette conjoncture, comment la raconterait-il ?

Proposer des alternatives :

Il faut se permettre d’imaginer plusieurs alternatives puisqu’il n’y a pas qu’une seule solution à un problème. Si vous n’en voyez qu’une, c’est que vous n’avez pas assez évalué le problème (2). Vous êtes encore dans un tunnel cognitif.

Plusieurs questions sont alors possibles.

Si vous n’étiez pas mal pris, qu’est-ce que vous feriez ? Si vous n’aviez pas de problème de budget, que feriez-vous ?

Si une personne vous parlait du problème, qu’est-ce que vous lui répondriez? Si vous imaginez cette situation dans 1 an ou 2 ans, qu’est-ce que vous voyez? Qu’est-ce qui est alors important ? Si c’était telle personne à qui vous avez confiance qui examinait le problème, que vous dirait-elle?

Enfin, prendre un temps de réflexion pour soupeser les différentes options et enfin en validant votre plan avec des personnes de confiance sont les trois étapes pour finaliser la réflexion. Cela vous permet de mieux évaluer les impacts possibles, dont les avantages et les inconvénients.

Vous êtes maintenant prêts à donner votre coup de marteau !

Arrêter, changer sa vision et évaluer des alternatives, ça semble simple et évident. Pourtant quand prenez-vous le temps de le faire? Peut-être parce que c’est encore moins laborieux de garder sa vision du problème sans se questionner, avec les risques d’erreur et de mise en place de solutions inappropriées.

Un sage disait : « La direction est plus importante que la vitesse ».

RÉFÉRENCES :

1- Hodgson M. La fête des paresseux, le Soleil, 24 juin 2023,

2- Tétu G. Aimer plus le problème que la solution, Infolettre ACSSS, Mars 2023.

3- Bergeron Claudine, Oui à la persévérance, non à l’acharnement, Les Affaires, 04 juillet 2023.

Gilles Tétu, PCC Coach professionnel certifié PCC