La question puissante outil majeur d'ouverture de consciencepar Marcel Gemme, MCC
Bien qu'on l'utilise parfois à d'autres fins, par exemple en contexte pédagogique pour favoriser l’acquisition de connaissances, le but d'une question consiste habituellement à combler une lacune de connaissance chez l'émetteur, quant à un sujet donné. En coaching, le rôle de la question est très important et s’étend bien au-delà de l’acquisition de connaissances par le coach. En fait, la question puissante vise surtout à élargir la conscience du client. La maîtrise de la technique des questions est donc une habileté observable chez tout coach compétent.
Caractéristiques d’une question puissante
La question puissante est :
- Ouverte
- Simple et courte
- Significative pour le client et reliée à son expression immédiate
- Relative à des enjeux importants
- Éclairante (porteuse de sens)
- Inattendue pour le récepteur
- Parfois surprenante
Une question puissante génère normalement un silence (de réflexion) chez celui qui la reçoit ou une expression du style : « Hum ! Bonne question ! ». Si la réponse vient trop rapidement, la question n’était pas puissante. Lorsqu’une question n’est pas puissante, elle est dite « banale».
Impacts d’une question puissante
- La question puissante agit comme un révélateur. Elle déclenche le dévoilement d’éléments inconnus et ajoute à la conscience et à la perspective (croyances, émotions, perceptions, etc.) du client.
- Elle peut inviter à se dépouiller de ses propres filtres pour observer la réalité avec plus d’objectivité.
- Elle invite à conscientiser et parfois à réviser ses postulats.
- Elle peut favoriser une perception plus juste.
- Elle peut permettre d’atteindre plus de profondeur.
- Elle peut modifier la lecture de la réalité et ouvrir sur de nouveaux horizons.
- Elle peut faire exécuter un bond quantique, une percée.
- Elle peut donner du recul et parfois déverrouiller les certitudes.
- Elle favorise la prise de conscience et du coup suscite la découverte.
La question banale offre peu de valeur ajoutée. Elle suscite souvent l’expression d’informations déjà connues du questionné. Elle prend la forme d’une demande d’information, questionne sur la situation, se centre sur l’aspect anecdotique du problème ou suggère des solutions, conseille, reste en surface et, finalement, a peu d’impact sur les perceptions et l’atteinte de l’objectif du client.
La question puissante et la présence
La question puissante émerge d’abord et avant tout d’une présence de qualité supérieure, c’est-à-dire présence à l’autre et à soi, accueil et ouverture à ce qui est. Lorsqu’un coach n’est pas présent, c’est qu’il est captif de son propre cadre de référence. Dans ces conditions, il creuse dans son propre savoir pour trouver la question qui fera « avancer » son client et surtout qui le rassurera lui-même sur ses propres compétences.
Lorsque le coach est uniquement dans le moment présent, en contact avec la réalité exprimée verbalement ou non par son client, lorsqu’il est en empathie, lorsqu’il offre une écoute active, il devient possible de laisser la question émerger librement, comme si elle était issue de l’espace du coaching. Cette acuité et cette fluidité ne sont liées à aucun effort, aucune volonté personnelle.
L’art et l’habileté de la présence s’acquièrent tout au long de la vie. Ce n’est pas congénital. C’est donc améliorable pour qui le souhaite. Pour développer ses habiletés de coach, il importe donc de rester vigilant et de se donner des moyens de développer sa présence à chaque séance.
Pour bien questionner, il faut savoir écouter
En coaching, une écoute de qualité supérieure est primordiale. Elle augmente significativement les chances du coach de saisir la totalité des messagesexprimés. Cette écoute est un élément important de la présence et elle représente le jardin où pousseront les questions puissantes. Par totalité des messages, on entend les croyances et les émotions sous-jacentes, autant que le contenu intellectuel à proprement parler (les éléments anecdotiques racontés et les idées émises). L'écoute active implique donc chez le coach de :
- centrer son attention sur ce qu’exprime le client, verbalement ou non;
- accueillir sans jugement ce que le client communique, du moins dans un premier temps ;
- chercher à saisir au-delà des mots, c'est-à-dire à comprendre ce que son client croit ou éprouve à propos de ce qu’il exprime ;
- reformuler ce qu'il a compris de ce que son client lui a communiqué. La reformulation n'est pas uniquement la redite en des mots différents du message reçu (ce que j’appelle la reformulation perroquet). En reformulant également les croyances ou les émotions en présence, le coach favorise l’élargissement de la conscience de son client. C’est pourquoi on parle ici de reformulation révélatrice.
Coach et coaché sont alors en contact avec les enjeux réels.
Voici une liste de comportements qui pourraient servir de base à une écoute active.
- Être « présent ».
- En face à face, regarder la personne qui parle et diriger son attention sur elle.
- Au téléphone, écouter aussi le débit et le ton de la parole, la respiration, les silences, etc.
- Arrêter de parler soi-même (un coach compétent parle au plus 40% de la durée d’un entretien).
- Être objectif : une opinion est une opinion, un fait est un fait.
- Découvrir l'idée maîtresse (l'essentiel du message).
- Découvrir le but de la communication.
- Réagir s'il y a lieu.
En conclusion, qu’est-ce que vous empêche de pouvoir poser des questions encore plus puissantes ?