15 décembre 2022

Résistance ou ambivalence ?par Mireille Bouffard, PCC

L’approche de l’entretien motivationnel (EM) (Miller&Rollnick, 2013) en coaching nous apprend que l’ambivalence de notre client impacte sa vitalité ,son engagement et sa motivation. Elle freine avec acharnement son élan vers le changement. Bien que cela pose un défi de taille au coaching, il y a un espoir solide apporté par la science. Véritable chantier de recherche avec déjà 1900 études à l’appui et profondément relié aux autres recherches en psychologie positive et en neurosciences, l’entretien motivationnel représente une application validée et pratico-pratique en accompagnement du changement. Pourquoi ?

Un client ambivalent a besoin de converser, de s’entendre et de se convaincre sur l’importance et sur son niveau de confiance pour réaliser son changement. Comment faire ?

Accueillir avec l’esprit motivationnel l’ambivalence de notre client, c’est apprendre à la débusquer dans son discours. Et ce fameux discours ambivalent se présente sous forme d’oscillations et de confusion entre les bonnes raisons de faire le changement et les bonnes raisons pour ne pas le faire. Le coach sachant reconnaître les différentes formes de discours saura repérer les discours déresponsabilisants, ce que l’on décrit dans la science comme les discours de maintien, et ce afin de les modérer. Il offrira des compétences motivationnelles pour faire émerger, réagir et renforcer les sept types de discours de changement (Amrhein, 2005) et ainsi intervenir en cohérence avec la science du changement. Cet art guidé qu’est l’EM propose les meilleures pratiques d’accompagnement lors d’enjeux d'ambivalence.

Et l’ambivalence, elle s’invite et s’impose même en coaching, car plus des deux tiers des personnes qui envisagent un changement ressentent de l’ambivalence. (Diclemente, 2013). Bien que naturelle et première marche sur le chemin du changement, l’ambivalence influence négativement le sentiment d’efficacité personnelle, cette essentielle confiance en nos capacités pour avancer. Alors, où réside l’espoir ?

Bonne nouvelle, c’est le coach qui allume le feu, l’instrument par excellence pour apprivoiser l’ambivalence. Par sa posture stratégique et intentionnelle, motivationnelle (et non motivateur), il devient en quelque sorte le chercheur d’or pour découvrir et explorer les discours changement de son client. Cela est vital car les discours axés sur le changement du client permettent les conditions pour que le changement de comportement se produise ( Glynn&Moyers 2010) et prédisent ce qui va se dérouler( Apodacae &all, 2016). La direction et l’intensité du discours-changement conduisent à l’engagement, qui à son tour prédit le changement (comportement) (Amrhein &all,2003). Les interventions de l’intervenant: sont corrélées avec l’apparition du changement (Moyers&Miller ,2005) et influence directement celui du client, dans un sens ( changement)ou dans un autre ( statut quo)(Barnett& Moyers , 2014).

Le coach possède donc la clé qui ouvre la porte du changement, porte qui permet au client d’évoquer sur son changement puisque l’évocation constitue un processus d’intervention fondamental en EM, tout comme en coaching car l’évocation du client trace la feuille de route du coaching, qu’il y ait un enjeu d’ambivalence ou non. L’EM est aujourd’hui intégré à la plupart des métiers des accompagnement pour les humaniser et les enrichir, il n’en demeure qu’à nous, coachs soucieux de contribuer è l’essor du coaching professionnel, d’en saisir le potentiel et de suivre ce mouvement international !

Alors, si nous revenons à notre question; résistance ou ambivalence ? La réponse est bien sûr ambivalence. La résistance annonce plutôt une dissonance dans la relation de coaching, un décalage de rythme et d’agenda. Posons-nous la question. L’identification d’un objectif smart en début de démarche mets-il une pression sur l’ambivalence ? Cette dernière pourrait-elle expliquer la difficulté d’engagement et de motivation, voire de procrastination ?

L’esprit motivationnel, tout comme celui du coaching, impliquent d’accorder une valeur inconditionnelle à la volonté de changement de nos clients. C’est en permettant à notre client de reconnaître son ambivalence, de l’accepter, de la pétrir pour l’apprivoiser qu’il pourra cheminer avec pour libérer sa motivation et son plein potentiel. Parlez-en aux coachs initiés en formation continue à l’EM et qui intègrent ce subtil art dans leur pratique. Tel un ajout indispensable pour comprendre en profondeur les clients! Quelle belle voie pour réduire la pression de performance du coach et l’aider à s’ajuster au rythme de son client. Cohérent avec l’esprit et les compétences de notre nouveau référentiel ICF, l’EM soutient nos compétences, approfondi notre empathie et permet d’adapter encore plus nos services aux besoins de nos nombreux clients ambivalents.

Mireille Bouffard, PCC