Chronique comité de déontologiepar [ author ]
Le code de déontologie est au cœur de notre pratique, il nous guide dans les comportements à adopter ou à éviter afin d’agir en professionnel avec nos clients. En même temps, notre code ne nous donne pas toutes les réponses lorsque nous faisons face à un dilemme éthique qui demande une décision de notre part, « une décision dont les options peuvent être inconfortables et complexes. Un dilemme éthique est souvent résumé comme n’étant pas un choix entre ce qui est bon ou pas mais plutôt un choix entre deux bonnes options ou encore comme étant une situation dans laquelle une personne peut choisir au moins deux voies d’action qui, d’un point de vue éthique, apparaissent comme également équitables.[1] ». Nonobstant la situation ou les choix à faire, à titre de professionnel nous devons avoir des critères sur lesquels se fier et un processus fiable pour nous soutenir dans nos décisions éthiques.
Rédigé à partir d’une traduction libre de quelques extraits du livre « Law and ethics in coaching », cet article a pour but de vous offrir des pistes à ce sujet.
Selon les auteurs, nos choix éthiques sont tributaires de cinq facteurs (en tout ou en partie) :
- Caractère personnel et éthique :Le caractère personnel du coach réfère à son code moral, ses idéaux à propos de ce qui est bien ou mal, ce qui lui a été « enseigné » par sa famille, la société, son environnement, etc. qui sont souvent les intrants majeurs qui vont influencer la prise de décision éthique.
- Capacité de raisonnement moral ou éthique :Le raisonnement moral ou éthique, en tant que processus, implique l’évaluation d’un évènement, d’une action et leurs conséquences basées sur un standard qui peut être culturel, religieux ou idéologique; ces derniers proposant des principes ou des concepts permettant la prise de décision.
- Caractère éthique vertueux: Un coach qui se surpasse par rapport aux attentes du code de déontologie devient un exemple et peut être décrit comme ayant un caractère éthique vertueux; ce qui les amène à se poser la question : « qui ou quel genre de coach devrais-je être? » Ce genre de réflexion devient un terreau fertile d’introspection éthique. En conséquence, les coachs dotés d’un caractère éthique vertueux seraient plus habiles pour comprendre et appréhender les dilemmes éthiques donc, seraient plus compétents pour faire des choix éthiques.
- Les vertus essentielles au coaching: La question à se poser dans ce cadre est : « quel type de caractère est vital pour être un bon coach? » Pour répondre à cette question, les auteurs nous proposent une liste de vertus à laquelle les coachs peuvent se référer :·
- Prudence ou sagesse pratique : Avoir une pensée critique pour réfléchir sur des problèmes moraux ou éthiques et pouvoir appliquer ses solutions dans le respect des meilleurs intérêts du client.
- Intégrité : L’engagement sans relâche à faire ce qui est le mieux, même face à des situations difficiles.
- Fiabilité : Une façon d’être qui démontre de la solidité, de la crédibilité et de l’honnêteté.
- Respect : Démontrer de la considération pour les autres, surtout lorsque les actions de l’un auront un impact sur les autres.
- Compassion : un intérêt profond et sincère pour le bien-être de l’autre.
Un coach empreint de ces vertus sera sensible aux différentes situations et aura une propension à décider dans le meilleur intérêt pour le client - La culture professionnelle et le processus d’acculturationToutes les professions ont une culture, le monde du coaching à la sienne. Les composantes d’une culture professionnelle sont : les leaders et leur vision de la profession, le langage commun, les codes d’éthiques officiels et officieux, les programmes d’entraînement, la valeur de la profession pour le public, les traditions, l’histoire de la profession et l’influence collective exercée par les membres.Pour certains, devenir efficace pour résoudre les dilemmes éthiques se résume à réussir un programme de formation pertinent et bien connaître son code d’éthique et de déontologie.
Toutefois, agir de façon éthique implique beaucoup plus. En effet, avoir une culture de coaching n’est pas automatique; cela implique une adaptation ou un processus d’acculturation dans ce sens qu’une culture professionnelle peut être différente d’une culture personnelle. Un bon exemple est la culture du conseil vs la culture du coaching : deux postures, deux modes de fonctionnement, deux types de relation, etc. Un coach apprend vite que donner des conseils diminue l’autonomie et le pouvoir de décider du client!
Plus rapidement un coach pourra s’adapter à la culture du coaching (ses valeurs, sa philosophie et ses traditions) tout en gardant des aspects de sa culture éthique personnelle, plus rapidement le coach développera son identité éthique et sera apte à résoudre des dilemmes éthiques.À l’inverse, le coach qui peine à s’adapter à la culture de coaching serait plus susceptible de ne pas agir de façon éthique, par exemple : ne pas reconnaître ses limites en termes de compétences, ne pas tenir compte des standards éthiques lorsqu’il est face à des situations difficiles ou sous pression.
Si vous pensez à une situation ou avez eu à faire face à un dilemme éthique, sur quel(s) facteur(s) avez-vous pu compter? Quels sont les facteurs qui vous sont plus familiers ou étrangers? Quels sont ceux que vous gagneriez à développer? Dans un prochain article, nous poursuivrons notre réflexion en vous proposant un des modèles de prise de décision éthique et comment l’appliquer avec un cas réel. En attendant, nous vous rappelons notre disponibilité pour vous soutenir dans vos réflexions ou vos difficultés, n’hésitez pas à faire appel à nous! Joyeuses fêtes et au plaisir de vous retrouver en janvier!
Comité déontologie
[1] Traduction libre - Law and ethics in coaching : How to solve and avoid difficult problems in your practice, page 42, Patrick Williams, Sharon Anderson, Edition John Wiley and Sons.