Fidéliser les milléniaux : À vos marques. Prêt ? Coachez !par Julie Nadon
Ils sont énergiques, connectés et ils envahissent les organisations chamboulant le statu quo en redéfinissant le concept de « travail ». Les Y, communément appelés les Milléniaux ou la Génération#, ont bien l’intention de ne plus percevoir le travail comme un élément de torture (découlant de tripalium en latin) mais comme un concept malléable où la réalisation de soi et la contribution à un projet plus grand les motivent à toute heure du jour et de la nuit. Ils ont en effet fait émerger le concept du « blurring » qui signifie la disparition de la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Les jeunes boomers et les vieux X les ont élevés, leur ont appris à dire non, à ne pas se laisser marcher sur les pieds, à communiquer leur insatisfaction. Les Y ont eu leur mot à dire sur le choix de la destination pour les vacances, ils ont participé aux prises de décisions familiales depuis leur enfance, ont participé à des ligues sportives et ont gagné des trophées même s’ils perdaient. Aujourd’hui, on s’étonne qu’ils soient sûrs d’eux, qu’ils veuillent participer aux décisions, qu’ils soient articulés et qu’ils changent de boulot lorsqu’ils n’y sont pas bien! Ils ont aussi vu leurs parents « faire mieux » que leurs grands-parents, eux ont choisi d’être heureux (et ce avant la retraite qu’ils ne pensent jamais avoir!).
Dans le contexte actuel, la seule certitude est l’incertitude. Le marché évolue à une vitesse fulgurante, de nouveaux métiers émergent et la pénurie de main-d’œuvre bat son plein. On reproche aux milléniaux de ne pas être loyaux ou d’être instables, mais si on regarde le contexte de plus près, ils répondent à une offre d’emploi volatile et insécurisante. Ils ont aussi besoin de modèles, de leaders inspirants, de rétroaction et de reconnaissance. Souvenez-vous ce sont les « Trophy kids ».
Actuellement 4 générations se côtoient au quotidien et une panoplie de valeurs s’entrechoquent : la loyauté et le sens de la hiérarchie se heurtent à la flexibilité et à l’authenticité. Si certains paramètres sont attribuables à la génération, d’autres sont relatifs à l’étape de vie ou la personnalité. Il est impératif comme coach d’aiguiser nos sens pour identifier quels éléments vont où. Si le racisme est un sujet tabou et ouvertement condamné (par chance), l’âgisme est beaucoup plus sournois et subtil. Qui n’a pas dans le dernier mois entendu ou commencé une phrase par : « les jeunes » afin de généraliser quelque chose. Imaginez si on écrivait : « les noirs ou les handicapés ». Comme dans chaque accrochage, obstacle ou conflit ceux qui touchent la génération sont le résultat de la peur, l’ignorance, la communication ou les valeurs.
Une situation comme les autres
Ludovic, 27 ans, optimisateur de stratégies numériques, travaille sur 3 tâches simultanément en écoutant de la musique. Dans quelques minutes, il participe à une réunion virtuelle avec son collègue qui a décidé de travailler de chez lui aujourd’hui et un client basé à Boston. Pierre 47 ans, son gestionnaire est souvent dépassé par tout ça. Il trouve que Ludovic va vite, qu’il souhaite toujours obtenir des réponses rapidement et ne croit pas en l’efficacité du travail à distance. Il trouve anormal de se faire envoyer des courriels à 23 h. Pierre considère avoir travaillé fort pour se rendre à cet échelon et trouve que les milléniaux ne sont pas gênés de demander des promotions et de la rétroaction en continu. Il sent que Ludovic ne le respecte pas et souvent qu’il n’en fait qu’à sa tête. Il vous explique qu’il en a assez de le féliciter et le remercier à tout bouts de champs!
Quelle portion de cette situation appartient à la génération? À la personnalité? À l’étape de carrière?
Rappelez-vous du haut de vos 27 ans l’énergie que vous aviez et la fougue qui vous habitait. N’oubliez pas que Carole votre collègue de 43 ans adore elle aussi effectuer 3 tâches en même temps.
Par contre, il est vrai que les générations précédentes n’étaient pas habituées à la reconnaissance. En effet, après quelques loyales années ils recevaient une carte-cadeau ou une montre, puis subissaient chaque année une évaluation de leur performance. Il est aussi vrai que cette génération d’employés demande de la rétroaction en continu et ont besoin d’être inspirés. Pas étonnant que les programmes de type « Officevibe et Amélio » aient la côte chez les Milléniaux.
Un coach svp!
Bonne nouvelle chers coachs, les milléniaux ne demandent que ça du coaching, du mentorat, des rétroactions et de l’amélioration continue. Leurs gestionnaires quant à eux auront bien besoin de développer leur leadership, leur vision et leur flexibilité.
Voici un petit tableau pour vous aider à mieux saisir les enjeux qui caractérisent les générations et les divisent à certains moments.
En effet, le courrier a laissé sa place au téléphone qui lui a été remplacé par le courriel qui désormais est considéré désuet par son amélioration, le texto! Idem pour l’image du patron autoritaire qui doucement laisse sa place à un leader inspirant. Le traditionnel 9 à 5 est en train de se faire évincer par le travail à distance et les vacances illimitées.
Voici quelques pistes pour vous aiguiller pendant vos coachings :
Pour tous :
- Misez sur ce qui rassemble : les valeurs de l’entreprise, la vision, un sport ou intérêt partagé.
- Explorez plus que jamais les peurs et les croyances associées aux perceptions de vos coachés et les défaire et relativiser.
- Accompagnez les équipes pour redéfinir les attentes, les modes de communication et les titres organisationnels. Le « supérieur immédiat » est peut-être révolu... considérant qu’il sous-entend qu’il existe un « inférieur immédiat ».
Pour les gestionnaires :
- Accompagnez-les dans le développement de leur vision à travers des programmes de leadership. Amenez-les à devenir des jardiniers!
- Travaillez sur leur estime et confiance en eux. Souvent, ils se sentent menacés, ont peur de perdre leurs acquis ou de se sentir diminuer.
- Amenez-les à départager les éléments générationnels des irritants attribuables à la personnalité ou l’étape professionnelle.
Pour les milléniaux :
- Utilisez leur grande empathie pour remettre en contexte les générations précédentes.
- Travaillez avec eux la patience en diversifiant les objectifs.
- Visez les plans de développement.
- Impliquez-les dans la solution.
- Exploitez leur créativité.
- Utilisez la technologie, des applications, des statistiques, des badges.
Pour vous :
- Ayez du courage! Les confrontations bienveillantes sont encouragées.
- Demeurez curieux.
- Reconnaissez vos biais et adressez-les.
- Apprenez et laissez-vous surprendre.
- Donnez-vous des permissions.
Rappelez-vous que peu importe la génération, les humains demeurent les mêmes et que les besoins motivationnels sont identiques. Les étapes de carrière évoluent, mais les ambitions sont les mêmes : apprendre, développer ses compétences, être reconnu, contribuer et laisser sa marque.
À vos marques. Prêt ? Coachez !