Les attentes et les intentionspar Claudette Vidal, MCC
Les athlètes de haut niveau ont récemment crevé nos écrans de télé. Chacun a donné le meilleur de lui-même dans l’espoir d’améliorer une performance ou de décrocher l’objet tant convoité, une médaille d’or.
Les athlètes rivalisent autant sur le plan technique que sur le plan des qualités humaines : la détermination, la persévérance, la confiance, etc. Être un médaillé olympique n’est pas à la portée de tous. C’est un club sélect où sont admis uniquement ceux qui ont démontré des qualités techniques et humaines exceptionnelles. Beaucoup d’appelés, peu d’élus. C’est d’ailleurs cet élitisme qui rend la consécration si attrayante.
Il se produit parfois un phénomène étrange chez les athlètes. Ce phénomène consiste à être couronné médaillé d’argent, c’est-à-dire, être déclaré le deuxième meilleur au monde et à vivre une vertigineuse déception, un immense découragement qui les fait s’effondrer en pleurs.
Comment un être humain qui a investi un nombre incalculable d’heures pour s’entraîner, fourni une gigantesque quantité d’énergie, développé un grand nombre de compétences et d’habiletés, déployé le meilleur de lui-même pendant des années, en plus de mobiliser sa famille, son entraîneur et son entourage, peut-il être déçu d’une médaille d’argent ?
Je me gratte la tête…
En regardant cette situation, je me dis que quelque chose ne va pas. Ce n’est pas dans l’ordre des choses de réagir comme cela. Il doit y avoir un piège dans lequel les athlètes tombent.
Ce qui m’interpelle surtout, c’est de voir que la plupart des êtres humains ont la même sensibilité que les athlètes. Ils travaillent d’arrache-pied, donnent le meilleur d’eux-mêmes, et, lorsque le résultat n’est pas à la hauteur de leurs attentes, ils sont déçus d’eux-mêmes. Ils perdent alors confiance en eux, se dévalorisent, parfois même se culpabilisent.
Vous est-il déjà arrivé de vous effondrer en apprenant que vous aviez gagné que la médaille d’argent ? Prenez un instant pour trouver un exemple d’un moment où vous avez été déçu d’un résultat après avoir donné le meilleur de vous-même ? Lorsque vous avez trouvé un exemple, je vous invite à poursuivre…
Qu’avez-vous ressenti ?
Lorsque nos actions ont pour but une gratification, un résultat ou une rivalité, nous sommes à risque. Lorsque nos actions ont pour but de donner le meilleur de soi, la satisfaction est garantie. Il ne s’agit alors plus d’être meilleur qu’un autre, mais de développer des habiletés ou de se réaliser.
Les attentes nous projettent dans un monde futur où un résultat précis doit se produire. Les intentions sont des élans qui nous mettent en action ici et maintenant, sans autre but que celui de nous connaître, nous développer et déployer nos ailes.
Mes propos ne visent pas à disculper les personnes qui nourrissent des attentes. Il y a certainement des moments où elles sont pertinentes. Je souhaite simplement éclairer le fait que les attentes sont comme un boomerang; elles risquent de nous accabler plus que de nous élever. Les intentions, comme elles émergent de l’unité, nous maintiennent sur un continuum d’apprentissage vivant et stimulant.