Je suis à la fois sensible, vulnérable… et solidepar Ghyslain Lévesque, PCC
Pour plusieurs, les mots vulnérable et solide ne vont pas dans la même phrase ou dans le même élan. Je vous avoue que pendant longtemps ce fut le cas pour moi. J’avais une croyance qui m’amenait à penser que d’être sensible et vulnérable était signe de faiblesse.
Moi un homme, faible ? Pas question!
J’ai réalisé, voilà quelques années, que j’avais été investi d’une mission secrète et taboue. Une mission dans laquelle je n’avais pas le droit d’échouer comme homme : celle d’assurer l’image du valeureux guerrier sans peur et sans reproche.
J’en ai souffert un coup!
Cette mission secrète ne m’avait jamais été expliquée. Elle m’avait été transmise par la société (parents, grands-parents, enseignants, etc.) sans que j’en sache quoi que ce soit. Sans le savoir j’étais devenu Bond… James Bond.
C’est en apparence excitant pour un jeune homme de devenir un valeureux agent secret, indestructible et ayant accès aux plus belles femmes de la terre. Mais la réalité est tout autre.
J’ai appris à souffrir en silence, à ne pas partager réellement ce que je vivais ou ressentais. Lorsque je vivais un coup dur, je me ramenais à cette loi non écrite : Un homme ne pleure pas! Petit à petit, réprimant mes sentiments, j’en suis venu à ne plus ressentir quoi que ce soit dans ces moments difficiles.
Évidemment, ne pouvant le faire dans la souffrance, il ne m’était pas plus facile de le faire dans les moments de bonheur. Je n’arrivais pas à exprimer mon amour, ma gratitude et ma joie.
Avec le temps, c’est une déconnexion complète de mon ressenti qui s’est produite. Jusqu’au jour où la vie m’a foutu dans la gueule ce dont j’avais besoin pour le comprendre.
À ce moment, sans le savoir, je m’en remettais à des réflexes pernicieux : la fuite, la confrontation, l’agressivité, la rigidité et la malbouffe. À cela s’ajoutait bien sûr, la performance, le soi-disant dépassement de soi et le surmenage.
Dans mes coachings, il m’arrive souvent de rencontrer des gens qui vivent la même chose. Ils sont aux prises avec les mêmes symptômes et les mêmes détresses. Et le fait de les avoir observés m’aide grandement à les aider à faire de même.
Il est aussi important de mentionner que le syndrome de James Bond a aussi sa version féminine, celui de la Super-Femme.
Le rythme de vie actuel nous pousse à en faire plus, à en donner plus, mais surtout à compenser encore plus par un ou plusieurs gestes de compensation. L’évolution de la société a fait en sorte que nous ayons, du bout des doigts, un accès plus rapide à pratiquement tout ce que nous souhaitons.
Ce développement n’a toutefois pas prévu de nous aider à accéder aussi rapidement à ce que nous ressentons et à ce dont nous avons réellement besoin.
En terminant, dites-vous une chose, ce n’est pas la société qui nous pousse dans le dos. C’est plutôt notre désir de plaire et de démontrer que nous sommes compétents qui nous déconnecte de ce que nous sommes vraiment.
Il arrive trop souvent que nos vrais sentiments soient relégués aux oubliettes. À chaque fois que cela se produit, nous perdons une occasion de faire en sorte que ce réflexe primaire cesse. Plus important encore, nous perdons l’occasion de dire : « Je suis un être sensible et vulnérable, et ce, dans toute ma solidité. »
Cet oubli nuit forcément à ma présence de coach!