L’EDI dans la sphère du coaching ou comment créer des expériences de coaching inclusivespar Rachel Ouellette, ACC
Dans un monde en pleine mutation, façonné par des mouvements sociaux majeurs tels que la pandémie mondiale, Black Lives Matter et #MeToo, la question de l’inclusion dans les milieux professionnels, y compris en coaching, ne peut plus être ignorée. Ces événements ont mis en lumière des inégalités systémiques, appelant à une transformation des pratiques afin de bâtir des espaces véritablement équitables et inclusifs. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’atelier réflexif du 13 mai dernier, organisée par ICF Québec et animée par Nathalie Balthazar, coach professionnelle certifiée (PCC).
Une posture de coach à repenser
Nathalie Balthazar, forte de plus de vingt ans d’expérience en développement des talents et en accompagnement de leaders, a invité les participant(e)s à repenser leur posture de coach. Son approche, résolument orientée vers l’action, encourage une introspection honnête, alliée à des engagements concrets visant à créer des expériences de coaching réellement inclusives.
Fidèle à sa démarche centrée sur l’humain, la conférencière a su créer un espace sécurisant et interactif, où la réflexion individuelle et les échanges entre pairs ont donné le ton à la rencontre. Plutôt que de considérer la diversité comme une simple composante du coaching, Nathalie nous invite à la reconnaître comme une dimension structurelle de la relation d’accompagnement.
Inclusion, diversité et appartenance : définitions et réalités
La conférence a mis en évidence les dimensions multiples de l’identité humaine – la race, la couleur de la peau, l’ethnie, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, la classe sociale, le statut socio-économique, l’âge, la spiritualité, la compétence, mais aussi les styles de communication et de leadership. Toutes ces dimensions, visibles ou invisibles, influencent la manière dont une personne est perçue et accueillie dans un espace de coaching.
À la notion d’EDI, la conférencière a ajouté le A, pour appartenance. Dans ce contexte, l’appartenance désigne le sentiment profond qu’une personne est acceptée, valorisée et intégrée dans un groupe ou une organisation. Il ne s’agit pas seulement d’être « présent à la table », mais de se sentir pleinement légitime, respecté(e) et reconnu(e) tel que l’on est. À noter que dans certains ouvrages, le A fait plutôt référence à l’accessibilité qui désigne la capacité d’un environnement – physique, relationnel, organisationnel, culturel, numérique, etc. – à être pleinement utilisable par toutes les personnes, quelle que soit leur situation ou capacité.
Explorer ses expériences d’inclusion et d’exclusion
Pour explorer ces dimensions, Nathalie a invité les participant(e)s à réfléchir à un moment où ils ou elles se sont senti(e)s pleinement inclus(e)s, ou au contraire, exclu(e)s, dans un espace de développement. Le partage qui a suivi a révélé diverses situations favorisant l’inclusion : se sentir accepté(e) tel(le) qu’on est dans un groupe, pouvoir exprimer ses opinions et poser des questions sans jugement, être écouté(e) et entendu(e).
Parmi les éléments ayant provoqué un sentiment d’exclusion, on a nommé le fait de se retrouver en minorité dans un groupe – en raison de l’âge, de la langue ou d’autres facteurs. Un exemple marquant a aussi été évoqué : une invitation à se tenir la main dans un groupe, qui a rendu un(e) participant(e) profondément mal à l’aise, le geste heurtant ses valeurs et étant perçu comme trop personnel, voire physiquement intrusif dans ce contexte.
De la conscience de soi à une pratique plus inclusive
L’inclusion, selon la perspective de la conférencière, implique un sentiment d’appartenance nourri par une reconnaissance continue de la valeur de chaque individu et par des actions concrètes qui traduisent cette reconnaissance. Pour soutenir cette réflexion, Nathalie a proposé plusieurs questions aux participant(e)s, visant à examiner leurs propres biais et réactions :
- Quels profils de coaché(e)s me mettent le plus ou le moins à l’aise ?
- Y a-t-il des sujets, identités ou comportements qui me rendent inconfortable ?
- Ai-je des automatismes culturels bien ancrés ?
Ces questions visaient à ouvrir une porte vers la conscience de soi, une condition essentielle pour accompagner les autres avec intégrité. Elles ont permis aux participant(e)s de prendre conscience de certains biais, stéréotypes ou généralisations pouvant influencer leur posture de coach. Une introspection authentique permet de désamorcer ces biais, explicites ou implicites, et d’ajuster sa pratique en conséquence.
De la réflexion à l’action
La conférence s’est conclue sur une invitation simple, mais puissante : choisir une micro-action à incorporer dès les prochaines séances de coaching afin de mieux intégrer l’EDIA. Cela peut être une question posée différemment, une intention de mieux écouter les récits de marginalisation, ou encore un engagement à approfondir sa compréhension des réalités vécues par ses client(e)s.
L’inclusion ne se décrète pas ; elle se pratique. Ce que cet atelier réflexion nous a permis de comprendre c’est qu’elle commence par un regard honnête sur soi, une écoute active de l’autre, et des gestes concrets posés dans chaque rencontre. Grâce à des initiatives comme cette conférence, les coachs exécutifs sont mieux outillés pour faire partie du changement, en devenant eux-mêmes des catalyseurs d’inclusion dans les sphères de leadership qu’ils accompagnent. Un grand merci à notre conférencière et à tous les participant(e)s qui ont permis ces échanges riches sur cette question essentielle.