16 janvier 2017

Le « CLEAN », un langage clé pour accompagner les métaphores personnelles du clientpar Dominique Barbès, MCC

Bogena Pieskiewicz est coach, praticienne Clean coaching. Dans son « Manuel du Clean Coaching » publié en 2016, elle revisite le Clean pour en faire une pratique plus adaptée aux défis des coachs. Elle a été l’élève de David Grove et de Jennifer de Gandt.

Dominique Barbès : Bogena, pouvez-vous nous dire ce qu’est le Clean Coaching ?

Bogena Pieskiewicz : Le Clean Coaching fait partie de la grande famille du coaching, c’est l’art de la facilitation Clean. Il inclue le Clean Language, la Modélisation Symbolique, le Clean Space, et l’Émergence, pratique plus tardive de David Grove.

Le Clean permet de cheminer respectueusement avec les métaphores du coaché. Il établit un pont entre le niveau rationnel du cerveau gauche et le symbolique du cerveau droit. En Clean Coaching nous travaillons à partir des « métaphores personnelles » du coaché, qu’il importe de distinguer des métaphores courantes, celles qui servent à faire passer plus aisément un message.

Parlons d’abord de l’éthique du coach CLEAN : le C.A.N.

  • C : la confiance dans les ressources du client, et dans le processus qui permet de suivre la méthode des deux cerveaux. « Où que le client arrive il sera à la bonne place», là où il est prêt à aller au moment où il est accompagné. Pour nous, le client a besoin de prendre le temps de trouver sa solution. David Grove recommandait de respecter le rythme du client, de l’accompagner « un pas en arrière ». Pour lui une partie du travail se fait en séance, puis le client continue à maturer. À la séance suivante il arrive que le client, interrogé sur ses objectifs, dise que le problème n’existe plus.
  • A : l’acceptation de tous les aspects de l’expérience du client, quels qu’ils soient. Même une métaphore désagréable. Comme coach nous ne chercherons pas à l’en faire sortir, mais à l’explorer. On travaille dans l’ici et maintenant du client.
  • N : la neutralité que garantit cette technique, avec les 12 questions de base neutres et minimalistes ainsi qu’une syntaxe spécifique.

DB : Coacher avec le Clean Language, « c’est comme quoi » ?

BP : c’est comme être “un porteur de clés” qui aurait rempli sa hotte auprès de « l’arbre à clés » permettant à son client de trouver celles qui lui donnent l’accès à une nouvelle compréhension de soi, pour trouver son chemin.

Le coach est comme un « facilitateur aveugle » qui accompagne le client dans son monde intérieur. Chaque question est comme une lampe torche qui éclaire un aspect de l’expérience que le client ne verrait pas sans la question.

Le client réussit à mettre des mots sur sa vérité intérieure. Il travaille avec ses représentations, croyances, émotions, sa pensée intuitive inconsciente.

DB :  Quel trésor peut offrir le Clean Language à un coach?

BP : L’émerveillement! Quel privilège de partager ce monde intérieur. Le coach crée simplement les conditions pour que ça émerge et découvre un monde totalement différent du sien. Cela permet aussi d’être un « lazy coach »! Au début il faut travailler un peu pour faire entrer le client dans le processus, ensuite il suffit d’attendre le regard du client sur nous, que son ton de voix change, ou un silence, et c’est le moment de le requestionner. Nous « calibrons » énormément. C’est une paresse riche d’attention et de présence.

La technique est minimaliste. La simplicité de l’outil permet au coach de l’utiliser à plusieurs vitesses selon son niveau d’expérience. Il peut démarrer par quelques questions, faire ses gammes et plus tard explorer le monde intérieur du client.

DB :  Dans quelles situations le Clean apporte-t-il une valeur ajoutée?

BP : D’abord, il permet d’aborder le thème que le client ne souhaiterait pas révéler au coach, soit que ça le concerne trop, ou par peur de perte d’image vis-à-vis du coach, qui reste une image d’autorité.

La métaphore contourne le rationnel. Le client lui-même se laisse surprendre par ses réponses; il travaille au niveau de la pensée inconsciente, celle du rêve et de l’intuition, parce que la métaphore vient de là.

En second lieu, le Clean permet de faire « bouger » le client plus rapidement lorsqu’il est utile d’accélérer le processus de prise de conscience.

Je dirais également que le Clean garantit un  processus non intrusif. Le client va là où il en a la possibilité, à son rythme. Outre son efficacité pour faire progresser le client, le processus est protecteur pour les 2 parties.

Enfin, dans certaines situations de « résistance » au changement : le coach peut s’appuyer sur ce processus distancié et tellement efficace.

Tous les morceaux du puzzle sont là, le Clean Coaching a la puissance de les faire se rassembler, le client découvre l’image de ce qu’il veut vraiment.

DB : Au sujet des métaphores, aller à ce point dans l’intimité du client n’est-ce pas risqué?

BP : Justement c’est le contraire. La métaphore est en soi un garde-fou! “Elle révèle pour celui qui la crée et elle cache pour celui qui l’écoute”. Elle ne dit pas ce que le client vit vraiment, d’où son étonnement à la fin d’une séance: C’est incroyable que je sois allé aussi loin, et je n’ai pas eu besoin de le dire”. Les éléments de la métaphore sont symboliques, chaque symbole a une valeur évidente pour le client, et non pour celui qui l’accompagne. Le coach entend, voit l’impact et la profondeur mais ne peut pas expliquer ce que vit le client. Par contre, il veille toujours à l’atterrissage qui permet de nommer le résultat.

DB : Bogena, pouvez-vous nous en dire plus sur la formation Clean Coaching qui aura lieu très prochainement ?

BP : Oui, du 3 au 7 février, j’initie un petit groupe de coachs à la pratique du Clean. Cette formation sera suivie par un autre module de 5 jours en octobre 2017.

Dominique Barbès, MCC Coach professionnelle