15 novembre 2010

Je suis à la fois sensible, vulnérable… et solidepar Ghyslain Lévesque, PCC

Pour  plusieurs, les mots vulnérable et solide ne vont pas dans la même phrase  ou dans le même élan.  Je vous avoue que  pendant longtemps ce fut le cas pour moi.   J’avais une croyance qui m’amenait à penser que d’être sensible et  vulnérable était signe de faiblesse.

Moi un  homme, faible ?  Pas question!

J’ai  réalisé, voilà quelques années, que j’avais été investi d’une mission secrète  et taboue.  Une mission dans laquelle je  n’avais pas le droit  d’échouer comme  homme : celle d’assurer l’image du valeureux guerrier sans peur et sans  reproche.

J’en ai  souffert un coup!

Cette  mission secrète ne m’avait jamais été expliquée.  Elle m’avait été transmise par la  société  (parents, grands-parents,  enseignants, etc.) sans que j’en sache quoi que ce soit.  Sans le savoir j’étais devenu Bond… James  Bond.

C’est en  apparence excitant pour un jeune homme de devenir un valeureux agent secret,  indestructible et ayant accès aux plus belles femmes de la terre.  Mais la réalité est tout autre.

J’ai appris  à souffrir en silence, à ne pas partager réellement ce que je vivais ou  ressentais.  Lorsque je vivais un coup  dur, je me ramenais à cette loi non écrite : Un homme ne pleure pas!   Petit à petit, réprimant mes sentiments, j’en suis venu à ne plus  ressentir quoi que ce soit dans ces moments difficiles.

Évidemment,  ne pouvant le faire dans la souffrance, il ne m’était pas plus facile de le  faire dans les moments de bonheur.  Je  n’arrivais pas à exprimer mon amour, ma gratitude et ma joie.

Avec le  temps, c’est une déconnexion complète de mon ressenti qui s’est produite.  Jusqu’au jour où la vie m’a foutu dans la  gueule ce dont j’avais besoin pour le comprendre.

À ce  moment, sans le savoir, je m’en remettais à des réflexes pernicieux : la  fuite, la confrontation, l’agressivité, la rigidité et la malbouffe.  À cela s’ajoutait bien sûr, la performance,  le soi-disant dépassement de soi et le surmenage.

Dans mes  coachings, il m’arrive souvent de rencontrer des gens qui vivent la même  chose.  Ils sont aux prises avec les  mêmes symptômes et les mêmes détresses.   Et le fait de les avoir observés m’aide grandement à les aider à faire  de même.

Il est  aussi important de mentionner que le syndrome de James Bond a aussi sa version  féminine, celui de la Super-Femme.

Le rythme  de vie actuel nous pousse à en faire plus, à en donner plus, mais surtout à  compenser encore plus par un ou plusieurs gestes de compensation.  L’évolution de la société a fait en sorte que  nous ayons, du bout des doigts, un accès plus rapide à pratiquement tout ce que  nous souhaitons.

Ce  développement n’a toutefois pas prévu de nous aider à accéder aussi rapidement  à ce que nous ressentons et à ce dont nous avons réellement besoin.

En  terminant, dites-vous une chose, ce n’est pas la société qui nous pousse dans  le dos.  C’est plutôt notre désir de  plaire et de démontrer que nous sommes compétents qui nous déconnecte de ce que  nous sommes vraiment.

Il arrive  trop souvent que nos vrais sentiments soient relégués aux oubliettes.  À chaque fois que cela se produit, nous  perdons une occasion de faire en sorte que ce réflexe primaire cesse.  Plus important encore, nous perdons  l’occasion de dire : « Je suis  un être sensible et vulnérable, et ce, dans toute ma solidité. »

Cet oubli  nuit forcément à ma présence de coach!

Ghyslain Lévesque, PCC PCC