21 mars 2019

Expériences de coaching collectif vécues dans les communautés de pratique de coaching ICFpar Corine Markey, PCC

Le but de cet article est de vous informer et de vous permettre d’organiser une communauté de pratique de coaching dans votre région. Cela fait 4 ans que j’implique d’abord comme participante, puis comme organisatrice de communauté de pratique de coaching ICF dans la ville de Québec. Deux communautés de pratique y fonctionnent indépendamment, mais avec le même modèle. Ce modèle n’est pas rigide, le groupe a de la marge de manœuvre pour s’ajuster aux besoins/situations.

Ma motivation personnelle est d’expérimenter, d’approfondir un mode d’intelligence collective et de le partager. Je crois que face aux enjeux complexes et d’envergure, ce genre d’initiatives prend toute sa place.

Les avantages d’organiser ou de participer à une telle communauté de pratique sont :

  • Rendre les 11 compétences spécifiques d’ICF vivantes et s’améliorer,
  • Vivre des expériences de coaching collectif avec feedback,
  • Créer un sentiment d’appartenance pour les coachs ICF et contribuer au rayonnement de l’ICF,
  • Déceler des coachs avec lesquels il sera possible de travailler dans des mandats d’envergure,
  • Recevoir des unités de formation continue spécifiques.

Pour créer un tel groupe, nous avons procédé par un sondage d’intérêt auprès des membres en règle de l’ICF de la grande région de Québec. Un groupe a idéalement une taille de 10 à 14 personnes et se rencontre mensuellement, 10 fois deux heures dans l’année. Chaque rencontre porte sur une compétence spécifique de l’ICF. Nous avons regroupé la 10 et la 11e compétence durant la dernière rencontre.
Avant de foncer, il est bon de savoir qu’il y a 4 étapes dans la vie d’un groupe :

  • Forming,
  • Storming,
  • Norming,
  • Performing.

Cela prend du temps pour que les membres se connaissent et se fassent confiance. Nous avons expérimenté la formule d’un groupe ouvert (pas besoin d’assiduité) et d’un groupe fermé (nombre de membres déterminés lors de la première rencontre, engagement de présence à 7 rencontres sur 10). L’inconvénient du groupe ouvert, c’est que certaines personnes introverties se sentent moins confiantes pour s’exprimer et se montrer vulnérables. L’avantage, quand le groupe est petit, est de permettre au groupe d’accueillir des nouveaux membres au fur et à mesure de l’année.
Quand il n’y a pas assez de participants à une rencontre sous la formule groupe fermé, c’est moins pertinent, moins riche. L’avantage du groupe fermé, c’est de créer un sentiment d’appartenance et de confiance plus profond avec le temps.
Nous avons vécu l’expérience de l’animation confiée toujours aux deux mêmes membres du groupe, ensuite l’animation confiée à un duo différent à chaque rencontre. C’est cette dernière formule que nous préférons pour le moment. Cela demande de la préparation et de la coordination pour les personnes qui assument l’animation. Prévoir une heure de préparation.

Outils

  • Planification des rencontres dans une salle fermée,
  • Objectifs et règles du groupe,
  • Formulaire de demande de certification de la rencontre à envoyer à la coordination provinciale de ICF.

Déroulement type

  • Accueil et informations en lien avec ICF,
  • Examen de la compétence spécifique du jour avec partage d’expériences, d’outils, brise-glace éventuel,
  • Pratique de coaching collectif,
  • Feedback sur la rencontre et clôture.

Voici 5 types de coaching collectif que nous avons expérimenté. Nous essayons de mettre le focus sur la compétence spécifique du jour :

1. Pop-Corn

  • Formule utilisée dans les cercles de coaching. Un coaché a un enjeu, un défi, une situation pour laquelle il demande l’accompagnement du groupe. Chaque membre du groupe coache (questions, feedback, …) spontanément.
  • Rôles :
    • Coaché : expose sa situation avant de se faire coacher par les autres membres du groupe. Il a une ouverture à se faire coacher par un groupe et donc à dévoiler un peu sa vulnérabilité.
    • Modérateur : il intervient si parmi les coachs certains monopolisent les interventions. Il observe et fait un feedback sur le déroulement des interventions en lien avec les compétences spécifiques de l’ICF.
    • Coachs : en étant concentré sur le besoin du coaché et prenant soin des interventions précédentes, intervient en posant une question, donnant un feedback, en coachant !
  • Conditions de succès :
    • Être dans un endroit calme, sans dérangements visuels ou de bruits.
    • Cela demande d’être dans une posture de coach qui partage la patinoire avec d’autres coachs. C’est un beau défi pour le coach qui a l’habitude de vivre sa pratique seul. Défi de garder une direction au coaching.
    • Ce n’est pas le moment de faire une démonstration d’une technique de coaching que ceux qui jouent le rôle de coach maîtrisent. Ce partage là se fait dans la première partie de la rencontre.
    • Accorder des moments de silence au coaché. Il risque de se sentir bombardé de questions si le rythme des interventions est trop rapide.
    • Au démarrage du groupe, quand les membres se connaissent peu, c’est exigeant, mais on apprend en expérimentant. Les commentaires du modérateur demandent du doigté tout en étant formulé clairement. Beau défi !

2. À relai

  • Formule similaire à la précédente, sauf que l’ordre d’intervention des coachs est prédéterminé.
  • Mêmes rôles que la formule précédente.
  • Mêmes conditions de succès que la formule précédente.

3. Duo observé

  • Un coaché a un enjeu, un défi, une situation pour laquelle il se fait coacher par un membre du groupe devant les autres membres du groupe.
  • Rôles :
    • Coaché : expose sa situation. Il a une ouverture à se faire coacher par un pair devant le groupe et donc à dévoiler un peu sa vulnérabilité.
    • Coach : a le défi de créer une bulle de confiance avec son coaché pour permettre le déroulement d’une séance de coaching en étant observé par ses pairs. C’est un peu stressant au début, puis la présence des autres s’estompe.
    • Observateurs/donneurs de feedback : Ils apportent un feedback au coach à propos de sa performance en lien avec les compétences spécifiques de l’ICF.
  • Conditions de succès :
    • Être dans un endroit calme, sans dérangements visuels ou de bruits.
    • Autant le coaché que le coach vit une forme de vulnérabilité, le respect et le soutien inconditionnel des membres du groupe sont essentiels.

4. Trios

  • On demande aux membres du groupe d’écrire sur un petit papier un enjeu à propos duquel ils souhaitent être coachés. Les animateurs tirent un tiers des billets au sort. On constitue des trios avec chaque rôle.
  • Rôles :
    • Coaché : expose sa situation. Il a une ouverture à se faire coacher par un pair devant un observateur.
    • Coach : a le défi de créer une bulle de confiance avec son coaché pour permettre le déroulement d’une séance de coaching en étant observé par un pair. C’est moins stressant que la formule précédente.
    • Observateur/donneur de feedback : Il apporte un feedback au coach à propos de sa performance en lien avec les compétences spécifiques de l’ICF.
    • Les animateurs de la rencontre demandent un feedback des observateurs devant le groupe au complet.
  • Conditions de succès :
    • Être dans un endroit calme, sans dérangements visuels ou de bruits.
    • Posture d’ouverture de tous les participants.
    • Gestion du temps plus exigeante pour les animateurs dans cette formule-ci.

5. Co-développement

  • Inspirée de la méthode d’Adrien Payette et Claude Champagne, 6 étapes se succèdent :
    • Le coaché expose la situation pour laquelle il souhaite se faire coacher pendant +/- 10 minutes. Souvent on s’entend d’avance sur qui sera le coaché et sa présentation peut avoir fait l’objet de préparation avant la rencontre.
    • Les membres du groupe posent à tour de rôle des questions pour comprendre. À cette étape, seulement des questions d’investigation sont permises. Se mettre dans une posture d’enquêteur bienveillant. Cela correspond aux questions du début d’une séance de coaching régulière.
    • Le coaché formule le mandat ou l’objectif qu’il souhaite atteindre avec l’aide du groupe.
    • Tour de table durant lequel les membres du groupe parlent de leurs expériences similaires, formulent un feedback ou font des propositions.
    • Le coaché exprime ce qu’il s’engage à mettre en œuvre et à rendre compte lors de la rencontre suivante.
    • Chaque membre du groupe explique ce qu’il a appris, retenu de cette expérience.
  • Rôles :
    • Coaché : expose sa situation. Il a une ouverture à se faire coacher par le groupe et donc à dévoiler un peu sa vulnérabilité.
    • Les membres du groupe qui agissent à titre d’enquêteur, puis de consultant.
    • Animateur qui veille au respect des 6 étapes.
  • Conditions de succès :
    • La compréhension de la formule par tous,
    • Lors de l’étape #4 (tour de table durant lequel les membres du groupe parlent de leurs expériences similaires, formulent un feedback ou font des propositions) il est important de demander au coaché s’il souhaite recevoir une proposition, si ce qui est proposé lui convient, sinon on échappe l’aspect coaching en utilisant cette formule.

En conclusion, organiser et participer à une communauté de pratique de coaching ICF contribue à améliorer notre pratique en lien avec les 11 compétences spécifiques et avec un choix de types de coaching collectif. De telles communautés sont appelées à se développer pour faire face aux défis de notre époque.

Corine Markey, PCC BAA, PCC, P2P, CSSBB, LM