15 février 2017

Au secours, je n’ai pas de choix!par Anna Gallotti

Antoine, qui fait un parcours de coaching avec moi, me fait part de son insatisfaction au travail, mais face à ma question : « voudriez-vous changer ? », il me répond « je n’ai pas le choix ! » …

Comment faire lorsque nous pensons que nous n’avons pas le choix ? Ici je vous livre quelques réflexions que j’ai menées suite à la sortie de mon livre, coécrit avec Maryvonne Lorenzen « Faire les bons choix ». Je suis arrivée à la conclusion que les cas de « non choix » peuvent être regroupés sous cinq catégories principales :

1/ Je commence par le plus gênant pour la plupart d’entre nous : nous nous convainquons que nous n’avons pas de choix, mais en réalité, nous avons ce choix. C’est l’exemple de Louis, l’un de mes clients, qui se plaint de travailler trop, et de ne plus avoir de vie privée. Mais quand nous creusons un peu sa réalité professionnelle, nous observons qu’il ne veut pas déléguer : le bénéfice de la reconnaissance est bien plus fort que la fatigue ressentie. Mais en même temps, il a besoin de se justifier (« ils ont besoin de moi ») ou de se plaindre (« ils m’appellent tout le temps ! »)…

Il est parfois difficile de trouver la lucidité nécessaire pour comprendre que ce non choix apparent ne dépend que de nous-mêmes. En fait ce non choix cache un choix, celui de se sentir reconnu comme indispensable.

2/ Un autre cas de non choix est celui de la personne qui n’a pas de choix pour le moment et qui, au lieu de contextualiser, généralise : « je n’ai JAMAIS le choix ». Revenons à Antoine : la limite est faible entre la sensation de ne pas avoir de choix et le sentiment de frustration. Et qui dit frustration, dit amertume, et des émotions qui se traduisent par certains comportements sur le lieu de travail.

Pour faire en sorte que la situation ne s’éternise pas, il faut d’abord prendre conscience de sa propre frustration montante (ce qui est loin d’être facile !) et ensuite se fixer une limite de temps au-delà de laquelle nous commençons à viser d’autres postes. Si nous anticipons le choix du changement, il est beaucoup plus facile de prévenir le moment où nous allons être exaspérés par la situation et où nous nous sentons piégés dans un poste ou une entreprise. Mais parfois il est si confortable de ne pas y penser…

3/ Le troisième cas est celui où nous n’avons vraiment pas le choix d’une situation car… nous ne l’avons pas choisie ! C’est l’exemple d’une maladie (quoique, parfois on y met notre grain de sel…) ou bien la maladie ou le décès d’un être cher. Dans ce cas, le seul domaine où nous conservons notre choix est l’état d’esprit avec lequel nous faisons face à la situation. Face aux situations difficiles que nous n’avons pas choisies, nous avons toujours le choix de notre état d’esprit.

4/ Parfois nous n’avons pas le choix car nous nous sommes mis dans la situation de ne pas en avoir. L’exemple qui revient souvent en coaching est celui de Philippe qui me dit qu’il est toujours appelé pour faire le pompier dans des situations inextricables. Est-ce que ceci est vraiment un cas de non choix ? Pas vraiment, puisque Philippe, à un moment de sa carrière, a accepté de faire le pompier, a trouvé du plaisir à résoudre une situation inextricable et ensuite a fait le choix d’en accepter une autre …et c’est ainsi qu’il est devenu un très bon pompier, jusqu’à l’épuisement. Dans ce cas, le premier pas est de devenir plus lucide sur le fait que le non choix d’aujourd’hui est le fruit de vrais choix qu’on a faits dans le passé en suivant le flux des opportunités, sans trop y réfléchir sur le moment.

Cette prise de conscience est parfois difficile car il est beaucoup plus facile de penser que « c’est le destin qui est derrière tout ça » et que nous n’y sommes pour rien. Du moment où nous acceptons le fait d’être les auteurs de notre destin, nous nous donnons aussi la possibilité de le reprendre en main et de faire des choix qui nous conviennent.

5/ Parfois ce sont nos convictions qui nous amènent à penser que nous n’avons pas de choix. Certains élèves sont parfois si convaincus qu’ils ne vont pas réussir un examen qu’ils… échouent ! Etes-vous étonnés ? Je suis certaine que non. Regardons-nous avec honnêteté : combien de fois nos convictions nous conduisent-elles à penser que nous n’avons pas le choix ? Parfois on ne dit pas « non » à quelqu’un car on pense que « l’on n’a pas le choix », mais en réalité c’est nous qui pensons qu’il est interdit de dire non. Parfois on anticipe des réactions d’autrui sans les avoir vérifiées, mais en réalité c’est parce que l’on manque de courage ou bien qu’on ne veut pas bousculer l’ordre établi. Dans ce cas-là, il vaut mieux être honnête sur nous-mêmes et sur les bénéfices que nous tirons en pensant que nous n’avons pas le choix.

En conclusion, nous avons un champ de choix beaucoup plus vaste que ce que nous imaginons. Mais l’être humain a cette fâcheuse tendance : il préfère attribuer ses attitudes à des « non choix » pour éviter le poids de la responsabilité du choix qui est parfois lourd. Toutefois qui dit responsabilité dit aussi devenir acteur de sa vie pour se donner la possibilité de changer les choses. Lorsqu’un élève comprend qu’il suffit de croire à la réussite, il aura plus souvent de bonnes notes … à nous de choisir !

Anna Gallotti MCC